Le colonel-oiseau ; Orchestre Titanic
de Hristo Bojčev

critiqué par Pucksimberg, le 14 août 2017
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Deux pièces de théâtre bulgares de qualité !
Dans « Le colonel-oiseau », Hristo Boytchev place un pauvre médecin dans un vieux monastère occupé par des fous sans aucun encadrement. Les infirmiers ont fui. Il se retrouve seul dans un univers bancal : un patient cleptomane, un paranoïaque convaincu d’avoir rapetissé et qui redoute qu’on l’écrase, un tsigane impuissant, un sourd qui décrypte le journal télévisé en lisant sur les lèvres … Un personnage qui semblait muet s’affirme d’un seul coup, un colonel qui décide de reprendre les choses en main en rétablissant l’ordre et en insufflant l’espoir. Ce petit lieu exigu c’est la Bulgarie, pays que l’Europe oublie, qui reste en marge, exclu … Derrière cet univers un peu farfelu et absurde c’est bien une triste réalité qui est dépeinte. La chute de la pièce va dans ce sens.

Dans « Orchestre Titanic », le dramaturge place des mendiants sur le quai d’une gare désaffectée qui attendent qu’un train s’arrête, mais c’est peine perdue. Pourtant, un jour, un personnage énigmatique apparaît : Hari … Houdini. Le rythme de la pièce change, le réel s’effrite, l’on bascule dans un univers qui remet en question notre réalité. A partir de la vision shakespearienne qui assimile la vie à une pièce de théâtre, ce personnage entraîne une réflexion sur le monde et notre place sur Terre. Il y a de la magie et de la poésie dans cette oeuvre qui invite à une réflexion plus philosophique.

Ces pièces de théâtre sont de qualité. Ce dramaturge bulgare est reconnu et est joué dans de nombreux pays. Derrière une certaine légèreté et une grande fantaisie, il parle de sujets graves et bien réels. Il parvient à faire sourire le lecteur tout en l’invitant à réfléchir.

Décidément les éditions « L’Espace d’un instant » ne cessent de surprendre et de séduire leurs lecteurs. Des choix courageux et audacieux !