Au beau temps de la butte
de Roland Dorgelès

critiqué par CC.RIDER, le 9 août 2017
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Souvenirs, souvenirs…
Au tout début de l’autre siècle, le jeune Roland Dorgelès, plus saute-ruisseau que véritable journaliste, passe le plus clair de son temps avec les artistes de la Butte Montmartre. Ainsi fréquente-t-il les peintres du Bateau-Lavoir dont le plus célèbre est déjà Picasso, mais également Utrillo, Suzanne Valadon, Marie Laurencin dont il trace un portrait assez peu flatteur, sans oublier les écrivains comme Paul Mac Orlan, Francis Carco, Paul Léautaud, Henri Béraud et tant d’autres. La vie est aussi dure qu’insouciante pour ces grands noms de la bohème. Mais soudain, un jour d’août 14, toute cette jeunesse est emportée dans le maelstrom de la guerre. Un grand nombre n’en reviendront pas… Et l’auteur y laissera bien des illusions sur la fidélité des femmes…
« Au beau temps de la butte » est à la fois un recueil de souvenirs et un témoignage charmant sur une époque disparue, sur un monde oublié. Une époque où Paris était encore la capitale mondiale des arts et des lettres. Un tel rassemblement de talents laisse rêveur. La plume de Dorgelès est magnifique, cela va sans dire. Il sait comme personne traduire une ambiance, faire revivre un peintre ou un écrivain. C’est un observateur intelligent et perspicace au regard acéré, compatissant et plein d’humanité. Sa description du retour à la vie civile en 1918 avec sa suite de déceptions, ses pertes d’illusions et son désespoir poussant un grand nombre de ses compagnons jusqu’au suicide est particulièrement émouvante.