Un coeur sombre
de R. J. Ellory

critiqué par Clubber14, le 31 juillet 2017
(Paris - 44 ans)

La note: étoiles

Comment le Bien et le Mal peuvent être intimement liés...

Présentation de l'éditeur :

Combien de temps peut-on échapper à sa conscience ?

Sous sa façade respectable, Vincent Madigan, mauvais mari et mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale infernale. Aujourd'hui, il a touché le fond, et la grosse somme d'argent qu'il doit à Sandià, le roi de la pègre d'East Harlem, risque de compromettre toute son existence, voire de lui coûter la vie. Il n'a plus le choix, il doit cette fois franchir la ligne jaune pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les choses tournent mal : il doit se débarrasser de ses complices, et une petite fille est blessée lors d'échanges de tirs. Rongé par l'angoisse et la culpabilité, Madigan va s'engager sur la dernière voie qu'il lui reste : celle d'une impossible rédemption.

Jamais l'expression d' anti-héros n'aura été aussi pertinente. Avec ce portrait passionnant et sans concession, R. J. Ellory creuse au plus profond de la conscience d'un homme au cœur sombre, pour tenter d'en faire resurgir toute l'humanité enfouie. Le bien et le mal, l'innocence et la culpabilité sont en effet si intimement mêlés en Vincent Madigan qu'il lui est devenu presque impossible de les distinguer. D'une écriture si puissante qu'on la ressent physiquement, ce long blues, aussi déchirant qu'une chanson de Tom Waits, aussi maîtrisé qu'un film de James Grey, réserve à son lecteur de tels rebondissements qu'il serait criminel d'en dévoiler plus ici.

Mon avis :

Noir et Gâchis. Voilà les deux mots qui, pour moi, résument le livre.
Noir parce que chaque chapitre, page, presque chaque ligne regorge d'une noirceur et d'une douleur infinie. Vincent Madigan, flic corrompu jusqu'à l'os mène une vie de solitude et de déchéance. 3 mariage ratés, 4 enfants qu'il ne voit jamais. Il picole, se drogue, deale avec la pègre de Harlem, vole des pièces à conviction et tue ceux qui le gênent. Son monde est concentré autour de meurtriers, de dealers, de junkies, de prostituées et de violeurs. Et c'est ça qui suinte littéralement du bouquin.

Gâchis, parce que même s'il est voleur, menteur, corrompu et parfois même assassin à ses heures, Vincent Madigan est, au plus profond de lui, quelqu'un de bien. Cela semble étonnant mais son plus grand rêve serait de se retirer de tout ce merdier, récupérer un peu d'argent qu'il pourrait donner à ses ex-femmes et ses enfants, mener une vie bien rangée. Il veut quitter l'alcool et la drogue, arrêter de fréquenter toutes les petites frappes et les dealers qu'il fréquente au quotidien. Mais voilà, tout quitter du jour au lendemain n'est pas possible dans une telle vie. Pas possible? A moins peut-être de préparer un gros coup....

Ce dernier gros coup justement va être de braquer le roi de la pègre de Harlem, un homme dont la simple évocation du nom provoque une peur panique chez les gens qui le connaissent. Sandia, voila son nom, voilà les 6 lettres qui provoquent à elles seules la panique. En plus d'être sans pitié, Sandia est doué d'une rare intelligence et d'un 6e sens pour déjouer le pièges....

Vincent va-t-il réussir son pari? Va-t-il pouvoir enfin vivre une vie normale?

Ce livre bouillant, tortueux, gênant à ses moments nous plonge dans une sorte de course contre la montre. Plus qu'un simple page turner il s'agit de l'un des meilleurs romans d'Ellory et ce n'est pas peu dire tellement cet auteur est, pour moi, la grande référence des thrillers et polars. Le Bien et le Mal réunis en une seule personne, est-ce possible? Et si oui, où cela peut-il bien mener? Un livre à lire absolument, une perle des polars, une patte de génie d'Ellory.