Et si on avait un autre chien ?
de Jean-Paul Beaumier

critiqué par Libris québécis, le 19 juillet 2017
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Les Chiens à la rescousse des humains
Et si on avait un chien, dit le titre du recueil de nouvelles de Jean-Paul Beaumier. Pourquoi pas ? C’est en plein ce qu’il faut quand la vie perd de sa pertinence. Une pomme suffit pour calmer un petit creux impétueux. Un chien peut suffire pour combler un petit creux existentiel. Quand les enfants sont devenus de jeunes adultes qui essaient leurs ailes en tentant de voler par eux-mêmes, quand la panne survient en pleine course vers l’inaccessible étoile, la présence canine devient fort réconfortante. L’auteur l’a bien compris. Utopie, le nom du chien de son héros, assume bien son rôle utopique d’aidant naturel en cas de panique passagère. D’ailleurs, les psys conseillent aux gens seuls de combler leur vide avec un animal. Ça occupe.

Il s’agit de nouvelles, précise l’éditeur. Certes, mais elles sont enchâssées dans un bloc monolithique. Le héros est un écrivain qui se promène avec son chien de nouvelle en nouvelle. Seul le nom de sa femme change. Ce sont des femmes interchangeables et indépendantes. Leur relation à l’écrivain est la même. Ce ne sont pas des fleurs bleues qui carburent au romantisme excessif. Elles se contentent d’une vie simple qu’elles mènent à leur guise : un mari, des enfants, un chien, des vacances en Floride et, tout de même, une complicité avec le héros dont elles se moquent gentiment des sentiments traumatiques devant la page blanche.

Comme l’auteur est l’un de nos meilleurs nouvellistes avec Gilles Archambault, il en profite pour narrer le drame d’être trahi par les infidélités d’une amante capricieuse telle que l’inspiration. Son héros ressent du dénuement à l’égard du dénouement de ses œuvres. Mais au-delà des tracas scripturaux, il examine son implication dans les relations qu’il entretient autant avec les siens qu’avec ses étudiants.

Il ressort de tout ça le quotidien simple de la vie. Les personnages essaient de s’émanciper sans chercher la gloriole. Les amateurs de tempête, s’abstenir. L’auteur voltige dans la haute sphère littéraire sans étourdir le lecteur grâce à son esprit de synthèse et à son sens de la chute.