La terre pleurera : Une histoire de l'Amérique indienne
de James Wilson

critiqué par Pendragon, le 1 mai 2004
(Liernu - 54 ans)


La note:  étoiles
Quand il ne reste que la honte...
Ouvrage qui est loin d’être un roman ou même une histoire romancée, il s’agit à plus proprement parler d’une chronologie d’événements au sein de chaque état ou groupe d’états.

Depuis les conquistadors espagnols, depuis la côte est, depuis 1492, c’est avec horreur et consternation que l’on suit l’évolution géographique, politique et sociale de l’homme blanc détruisant tout et tous sur son passage. Cet ouvrage met en exergue la plus totale absurdité des événements, c’est bien pire que Kafka, tout est bon et tout est permis pour rouler l’Indien dans la farine, le voler, le tromper et bien entendu, s’en débarrasser de la manière la plus horrible qui soit ! Et le pire, le pire dans tout cela, est que l’homme blanc de l’époque considérait les Indiens comme des hommes, même pas comme des animaux ! Il n’avait donc pas l’excuse habituelle de ne détruire « que » des animaux ; simplement, ces indiens étaient des « sauvages », des « païens » et ils s’opposaient à l’ordre naturel des choses et donc, bon sang, quoi de plus normal que de les éradiquer !?

Ce récit est abominable car, même si aujourd’hui tout le monde sait et connaît les horreurs commises par l’homme blanc un peu partout, on ne peut s’imaginer avec quelle conviction intime celles-ci ont été commises, sans que personne, à de trop rare exception près, jamais ne s’indigne, ne se soulève ou ne tente d’aider ces « natives americans » à conserver sinon leur terre, au moins leur dignité !

Ce livre ne se lit pas vite, il est constitué d’une suite de faits et d’actes ; ce manque de fluidité, ce détachement pour se concentrer sur l’histoire, renforce encore l’aspect absurde et horrible de tout ce qui a été perdu à jamais : les millions de vies, les connaissances, la spiritualité et une manière de vivre qui, si nous l’avions acceptée ou à tout le moins comprise, auraient changé à jamais la face de notre civilisation si blanche, si technologique…

En ce 1er mai, l’Europe passe à 25, mélange de civilisations !? Certes non, les grandes civilisations, aborigènes, africaines, indiennes ont disparues à jamais… mais qui pleur encore leur perte ? Ou qui comprend simplement le sens de cette perte ?
La terre à quel prix? 10 étoiles

Avec « La terre pleurera », James Wilson nous livre des éléments sur le peuplement de l’Amérique (du nord surtout) qui partout ailleurs n’étaient que suggérés. Bien sûr nous savions que les Européens avaient été ignobles mais le livre nous montre que nous étions, que j’étais en tout cas, bien en dessous de la réalité.
C’est à un génocide en règle et planifié que se sont livrés ces gens qui venaient d’Europe et qui pour la plupart avaient étés rejetés par elle ; on aurait pu s’attendre à ce qu’ils aient un minimum de compassion, ce ne fut pas, loin de là, le cas. Le mythe Américain prend un sérieux coup derrière la tête avec ces descriptions de massacres, de destruction d’une culture riche et explique l’écriture des auteurs Amérindiens.
Voilà un livre indispensable à qui veut en savoir plus sur l’histoire du peuplement par un dépeuplement de la plus « grande Démocratie au monde »…

Spirit - Ploudaniel/BRETAGNE - 64 ans - 31 août 2010


Démythifier l'Indien 8 étoiles

Véritable projecteur sur l'histoire d'une spoliation passée et d'un aveuglement criminel présent, le livre de James Wilson détaille, région par région le repli des tribus indiennes face au déferlement des Blancs. Une rencontre qui débute par un génocide bactériologique, à lui seul une abomination. Les populations indiennes sont quasi anéanties par une succession d'épidémies. Et puis les Blancs, leur messianisme, leur sentiment de supériorité, leur idée de la civilisation, et la cupidité.
L'auteur ne s'arrête pas à ce passé, il s'aventure dans les sables mouvants de l'histoire récente, la dilution forcée puis larvée d'une culture dans une autre ultra-dominatrice, ultra-agressive, une érosion qui ne cesse pas. Avec force, il dénonce une nostalgie de l'Indien, ce bon sauvage parcourant le jardin d'Eden, et l'aveuglement vis-à-vis des difficultés présentes des Indiens.
Pour moi, cette histoire de l'Amérique indienne est une rencontre avec l'autre. Malgré l'uniformisation galopante de la planète, la diversité existe encore, en marge, repoussée vers le bord du précipice. Elle rend aux tribus indiennes leurs spécificités.

Vda - - 49 ans - 29 mars 2010


Ligne blanche et cercle rouge, deux visions pour un seul monde. 8 étoiles

Parmi tous les livres que j’ai lus sur l’histoire de la colonisation de l'Amérique du Nord, celui-ci se démarque par sa première partie. L’auteur propose une analyse intéressante du contexte de l’époque précédant la "découverte" de l’Amérique.

Il évoque l'affrontement des civilisations Judéo-Chrétienne et Musulmane pour la suprématie d'une pensée religieuse unique sur l'ensemble du monde connu. Cette lutte, qui dura plusieurs siècles, s'achève par la reconquête de la péninsule Ibérique par les Espagnols en 1492.

Après avoir vainement cherché à localiser le paradis terrestre, guidé par les divers récits "authentique" des habituels faiseurs de légendes, les chrétiens portent toute leur attention vers le continent américain. Cette première partie permet de bien appréhender dans quel état d'esprit les conquérants entreprirent de prendre possession des terres amérindiennes.

Très vite les nouvelles en provenance de ce nouveau monde enflamment l'imagination des Européens, persuadés d'avoir enfin trouvé ce fameux paradis. Les premiers témoignages rapportent que des êtres innocents gambadent presque nus dans une nature luxuriante parés de bijoux en or. Ils semblent naturellement disposés à céder tout ce qu'ils possèdent pour presque rien en échange. Il n'en fallait pas plus pour que les Européens y voient un signe divin de mise aux enchères du tout un continent.

L'auteur retrace la colonisation de l'Amérique du Nord, région par région. On assiste à l'avance inexorable de la civilisation Euro-américaine qui procède à l'éradication systématique de sociétés très développées qui ne répondaient pas au standard des conquérants. Après quatre cent ans de luttes sanglantes, les Euro-américains réussissent enfin à instaurer une société miroir de celle de la vieille Europe, avec ces mêmes maux qu'ils avaient pourtant fuis dans l'espoir d'un monde meilleur.

Un ouvrage qui offre une bonne approche de l'histoire de la conquête de l'Amérique. Il est grand temps d'ouvrir les yeux sur les vestiges d'un monde que nous continuons à détruire à grands coups de concepts abscons. De voir tout le mal que nous nous donnons pour asséner le coup de grâce fatal à la vie. Quand comprendrons-nous qu'à force d'avoir perpétrer les pires abominations pour supplanter, au nom de ce satané progrès exclusivement mercantile, les peuples primitifs et leur environnement, nous n'avons fait que déraciner le genre humain de son terreau originel ; rompant à tout jamais les liens qui le relient au grand mystère de la création ? Quand ?

Heyrike - Eure - 57 ans - 27 décembre 2005