Buchenwald par ses témoins - Histoire et dictionnaire du camp
de Auteur inconnu

critiqué par CHALOT, le 3 juillet 2017
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Emouvant et passionnant
« Buchenwald par ses témoins »
Histoire et dictionnaire du camp
Et de ses commandos
Sous la direction de Dominique Orlowski
Editions Belin
553 pages
Octobre 2014
Un monument édifiant et passionnant

Ce livre-dictionnaire a été réalisé par une équipe de six personnes sous la direction de Dominique Orlowski.
C’est un document qui peut être pris comme un dictionnaire complet et documenté ou lu, ce que j’ai fait comme un livre « classique » que l’on dévore de la première à la dernière page.
On y trouve toute l’histoire humaine dramatique de ces dizaines et dizaines de milliers de déportés et le lecteur découvre des personnages courageux, attachants qui, malgré l’horreur et contre l’horreur se sont organisés.
Ils ont souffert, beaucoup ont perdu la vie et d’autres la santé mais des militants ont su développer une solidarité inouïe, défiant les bourreaux.
Ils ont mis en place des directions clandestines et préparé l’insurrection, mettant en sécurité au péril de leur vie des armes récupérés au moment des bombardements.
Les politiques, au-delà de leurs différences, voire de leurs différends ont réussi à mettre en place une protection en faveur des plus faibles et à mettre fin, à certains moments, à l’action néfaste, individuelle, des prisonniers de « droit commun » qui étaient manipulés et instrumentalisés par les nazis.
Beaucoup d’intellectuels et de cadres politiques se sont retrouvés dans ce camp et ont été contraints de travailler dans les « kommandos »- camps de travail concentrationnaires où ils ont résisté dans des conditions épouvantables.
Des anciens déportés ont témoigné et écrit…. C’est ainsi que des extraits des œuvres de Jorge Semprun, militant et écrivain sont repris par les auteurs.
Je comprends mieux les relations qui ont pu exister après la guerre entre les communistes et les gaullistes.
C’est ainsi que Marcel Dassault, né Bloch « destiné » à partir en Autriche, juste avant la Libération des camps a été pris en charge par un soi-disant policier qui s’est présenté ainsi à lui :
« Suivez-moi, vous êtes sous la protection du Parti communiste ».
Marcel Dassault sera un adversaire du PCF durant toute sa vie, ce qui ne l’empêchera pas de verser chaque année son « obole » au journal l’Humanité.
J’ai retrouvé dans ce livre monumental des personnes que j’ai rencontrées durant ma vie militante ou personnelle, qu’il s’agisse de Gaston Viens ou de mon cousin Jacques Pain, ancien directeur général du journal de la CGT « la Vie ouvrière ».
Jacques m’avait parlé de ses combats de l’après- guerre, des blessures reçues lors d’actions militantes dont la manifestation contre la venue De Rigway la Peste.
Mais jamais un mot sur la déportation.
Beaucoup de ces déportés qui ont souffert dans leur chair ont gardé pour eux leur secret.
Ce livre leur donne la parole et nous fait mieux comprendre l’importance des commémorations qui permettent de maintenir la mémoire et de donner des clés de compréhension à la jeune génération.
Merci à Dominique et à son équipe pour ce dictionnaire encyclopédique où rien n’est oublié et où les conditions de vie concrètes des déportés sont décrites.

Jean-François Chalot