Le Miracle de Saint-Antoine
de Maurice Maeterlinck

critiqué par Alceste, le 26 juin 2017
(Liège - 62 ans)


La note:  étoiles
Amusante satire
Dans sa maison bourgeoise de la Flandre profonde, une vieille demoiselle vient de décéder, pleurée de sa fidèle servante, tandis que les neveux s’affairent aux préparatifs des funérailles.

Le grand saint Antoine de Padoue se présente à l’entrée et se fait connaître à la servante au cours d’une conversation où il se propose d’apaiser son chagrin en ressuscitant sa maîtresse.

Passé un moment de surprise, la servante fait part de sa réticence à voir disparaître la part d’héritage que le décès de la vieille dame supposait. Les neveux, informés à leur tour, expriment même leurs protestations : ils n’entendent pas renoncer à l’héritage convoité.

Ainsi, tout sera fait pour empêcher Saint Antoine d’accéder à la pièce où repose le corps. Mais ce dernier arrive à ses fins, et la vieille dame se réveille, retrouvant du même coup son caractère acariâtre.

Il n’en faut pas plus pour que la famille appelle la police qui emmène le saint comme un vulgaire clochard, tandis que la tante s’éteint une seconde fois.

Une amusante parodie qui mêle miracle et farce du Moyen Age, où Maeterlinck n’atteint certes pas le niveau de ses grandes pièces comme l’Oiseau bleu ou Pelléas et Mélisande, mais qui fournit une charge assez acerbe contre une certaine religiosité, apparemment mal accueillie par les autorités de l’époque.

Assurément la pièce mériterait une résurrection sur scène, ne fût-ce que par ce détail amusant prévu dans les indications scéniques : l’auréole du saint s’illumine dès qu’il tire une certaine joie des propos qu’il entend. Un effet spécial qui serait produit sans difficulté sur scène à notre époque de haute technologie. Certes, dans le deuxième acte, on a une impression d’inabouti, comme si Maeterlinck n’avait pas su exploiter dans toutes les potentialités de son ingénieuse idée de départ : le personnage de Saint Antoine s’efface un peu et le dénouement manque de punch, mais une bonne mise en scène pourrait racheter ces défauts.