L'arête de l'éternité
de Sandy Allan

critiqué par Gnome, le 26 juin 2017
(Paris - 53 ans)


La note:  étoiles
Quel exploit !
Dans ce livre, Sandy Allan raconte l'incroyable épopée d'un des derniers très grands problèmes himalayens qu'il a réussi à résoudre avec son compagnon de cordée Rick Allen et ses 4 autres membres d'expédition (Cathy O'dowd et 3 Sherpas) : le sommet du Nanga Parbat (8126 m, 9ème plus haut sommet du monde) par la traversée de l'arrête Mazeno.

Ces deux écossais de (bien) plus de 50 ans, himalayistes de génie, ont donc parcouru plus de 10 km d'arrête hyper exposée à plus de 7000 mètres d'altitude avant de gravir le sommet de la "montagne tueuse", le tout en totale autonomie sur 18 jours. Un exploit hallucinant qui combine tous les plus grands risques liés à l'himalayisme et qui peut résumer à lui seul l'engagement total en montagne.

Ce récit est une sorte de journal dans lequel Sandy Allen raconte d'un point de vue très personnel le déroulement de l'expédition, avec parfois un brin d'humour, mais sans relief très palpitant durant les deux premiers tiers du récit. En effet, on aurait aimé que cette longue traversée de l'arrête Mazeno soit aussi précisément et intensément décrite que l'ascension du sommet en lui même. Il m'a semblé que l'auteur était tout en retenue sur cette première partie (peut-être de peur de vexer ses coéquipiers) alors qu'il décrit remarquablement bien l'ascension finale qu'il effectuera avec son vieux copain Rick, en poussant leurs corps jusqu'à la limite de leur résistance : 72 heures sans boire et plus d'une semaine sans nutrition adéquate ! Un exploit radical et héroïque.

Je suis donc resté un peu sur ma faim durant cette première partie où certaines sections sont trop vite racontées et où, curieusement, les personnalités de ses coéquipiers ne sont pas très fouillées alors qu'Allan prend le temps de parler des grandes amitiés montagnardes qui ont jalonné sa vie. On peut aussi regretter que l'auteur n'arrive pas à pleinement représenter la colossale dimension de la traversée de l'arrête Mazeno, à tel point que lorsque ses 4 coéquipiers décident de redescendre sans tenter l'ascension finale du sommet, on pourrait les prendre pour des poules mouillées. Ceci ne rend pas honneur à l'exploit qu'ils ont accompli et on peut se demander s'il n'y aurait pas eu quelques frictions au sein du groupe, passées ici sous silence.

Au final, même si je semble un peu dur dans ma critique et que le style de l'écriture n'est pas très bon (à cause de la traduction ?), ce livre est à mes yeux digne des très grands livres de montagne car il relate un des plus grands exploits jamais accomplis là-haut. A noter que l'on trouve de belles photos et quelques "topos" qui permettent de localiser les grimpeurs tout au long de leur périple.