Les sentiers du vieux causse, tome 1: Gousta-Soulet
de Raymonde Anna Rey

critiqué par CC.RIDER, le 17 juin 2017
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Le vieil homme et l'enfant
Dans un hameau isolé des Cévennes, vit Gousta-Soulet un vieux solitaire qui partage son temps entre ses animaux et sa vigne. Un matin, il trouve sur son perron une petite sourde-muette venue de nulle part qui, très vite, se plait en sa compagnie. Il la prénomme « Griotte », une contraction de « Maigriotte » car en plus d’être rousse aux yeux bleus, elle est d’une grande maigreur. Il la recueille en se gardant bien de prévenir qui que ce soit. À l’été, le jeune Frédéric, fils des voisins qui ne viennent chaque année qu’un mois pour les vacances, la découvre et passe avec elle le plus merveilleux été de son enfance. Mais à l’automne, ce sont des chasseurs qui la croisent et qui alertent les autorités. Griotte est immédiatement placée dans une institution au grand désespoir de Gousta-Soulet et de Frédéric…
« Les sentiers du vieux Causse » est un joli roman de terroir écrit en hommage à une région qui décline doucement, à un monde qui peu à peu disparaît au fil des départs des anciens, des ruines de maisons et du retour des ronces, orties et épineux. Que de beaux sentiments évoqués dans cette émouvante histoire d’homme et d’enfants, dans cette amitié improbable entre un petit citadin, un vieux paysan asocial et une handicapée qui ne communique que par les regards et les sourires ! Qui a dit qu’on ne pouvait pas faire de bonne littérature avec de bons sentiments. L’auteure nous apporte ici une magnifique preuve du contraire. Son amour de la vie difficile des derniers habitants du Causse transcende tout. Le lecteur ne peut qu’être emporté jusqu’à un happy end, écrit au conditionnel quand même, histoire de rester vraisemblable.
Regain 6 étoiles

Ce premier volume de la trilogie Les Sentiers du Vieux Causse est une peinture impressionniste du Causse, enclavé et rude, quelque-part en Lozère, au-dessus de Saint-Cécile-d’Andorge ou de Saint-Julien-d’Arpaon que l’on découvre au fil des quatre saisons, comme un tableau changeant, brûlant l’été, glacial l’hiver, riche des odeurs et des bruits de la nature. Une peinture de ses habitants aussi, dont la vie est rythmée par le travail des champs. Leur relation à la terre est mise en avant de très belle façon, dans un lyrisme épuré, exaltant une vie dure mais simple.

Le roman raconte aussi les solitudes des gens de ce pays, pays qu’ils voient peu à peu se dépeupler, épargner la modernité. Il y a en premier lieu la solitude de Gousta-Soulet, solitaire bourru et misanthrope ; celles des autres habitants du hameau aussi, qui se souviennent avec mélancolie des temps révolus et des amours mortes. Heureusement la solidarité, l’amitié et la présence de Griotte et de Frédéric vont redonner un peu de vie au plateau. Raymonde Anna Rey excelle à décrire le lent apprivoisement, souvent silencieux, qui se fait entre ces deux jeunes étrangers et les habitants du Causse. Son regard montre une profonde humanité envers ses personnages, dans le décor de ce Vieux Causse, âpre et magnifique.

Fanou03 - * - 49 ans - 12 août 2019