Double nationalité
de Nina Yargekov

critiqué par Monocle, le 5 juillet 2017
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
La fin justifie les moyens.
Elle porte le prénom imprononçable de Rkvaa, elle est grande, porte un diadème sur la tête qu'elle maintient de façon altière. C'est dans un taxi que nous sommes invités à faire sa connaissance afin d'assister à sa naissance. Cette jeune femme a deux pays : la France et la Yazigie mais aussi deux autres (c'est selon) la Hongrie et la Lutringie.
Amateur des choses simples n'allez pas plus loin, fermez bien vite ce gros pavé et n'y pensez plus jamais. Pour les autres : bonne chance.
Personnellement j'ai cru renoncer de nombreuses fois et chaque fois j'y suis revenu.
Une cinquantaine de pages à la fois c'est à peu près le maximum digérable, mais l'expérience est innovante et d'une richesse incroyable.

Les parents de Rkvaa, immigrés Hongrois ayant fuit le régime communiste n’avaient pas pensé que le fruit de leur union serait ainsi déchiré par ces deux cultures, ces deux vies qui l'obligeaient à renaître à chaque voyage.
C'est une jeune femme solitaire, rêveuse, qui s'amourache d'un pot de basilique polonais ou d'une peluche de petite taupe. Dans ses voyages elle craint la lionne polaire ou alors son ombre... tout est possible.

Ce livre est au delà du bonheur premier de la lecture. J'en sors groggy, abasourdi, médusé.
Perplexe aussi, noyé par le flot des mots.
Dois-je crier au loup ? Dire que ce plantureux roman est un navet ragoutant ? Ou alors louer le style chatoyant de Nina Yargekov... louer son courage d'écriture, ce style qui se démarque de tout ce qui est vu ou connu ?
Il faut quand même avouer que ce texte a des longueurs qui n'en finissent pas. Parfois l'impression de faire du sur-place gagne le courageux qui lit, désabusé, le cheveu hirsute, l’œil éteint avec l'envie irrésistible d’envoyer valdinguer ce grrrr de bouquin par la fenêtre.
Ami lecteur, rassurez-vous, la fin justifie les moyens !
bla bla bla… 4 étoiles

Un roman-fleuve, avec pas loin de sept cent pages agrémentées de mots d'esprit et de références savantes, pour nous conter les déboires d'une traductrice-interprète affectée d'une amnésie passagère au retour d'une de ses nombreuses missions. En quête de ses origines, elle qui se sait née d'un père et d'une mère hongrois(es) mais ayant grandi en France, elle va tenter de disserter sur le concept de double nationalité : thèse, antithèse, synthèse. Par le truchement de ce personnage singulier, avide de certitudes dans un monde où la notion de frontière devient de plus en plus floue alors que les communautarismes s'exacerbent autour d'elle, l'auteure questionne le monde tel qu'il est. L'humour est présent, sous la forme de l'autodérision, l'érudition aussi, via de nombreuses références aux disciplines en "ique" : mathématique, logique, linguistique, sémantique, et bien d'autres encore. Hélas, le tout est d'un ennui assez profond, n'est pas James Joyce ou Marcel Proust qui veut…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 6 mai 2018