Les cosmonautes ne font que passer
de Elitza Gueorguieva

critiqué par Fanou03, le 15 juin 2017
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Good Bye Lenin !
Saluons Elitza Gueorguieva, originaire de Bulgarie, pour avoir choisi la France comme pays d’adoption. Elle nous fait ainsi l’honneur de nous livrer, dans notre langue, son premier roman, très réussi, Les cosmonautes ne font que passer, dans lequel elle conte la chronique aigre-douce d’une jeune fille qui rêve, au temps du communisme bulgare finissant, de devenir cosmonaute, comme son idole Iouri Gagarine.

Je dois dire que ce qui m'a beaucoup plu en premier lieu est le style du récit: il présente un très juste équilibre entre l'humour de la jeune narratrice, emporté par les extrapolations décalées qu’elle tire des observations du monde qui l’entoure, et une certaine gravité, aussi bien due aux évolutions de son univers familier qu’à ses propres questionnements sur son rapport aux autres. Cela donne un ton tour à tour léger, malicieux, voire loufoque, nuancé par une sensibilité à fleur de peau comme le montre par exemple l’amitié ambiguë, voire trouble, avec sa camarade de classe Constantza.

Le rythme est enlevé, grâce à des chapitres très courts (trois ou quatre pages). L’utilisation de la deuxième personne du singulier, toujours délicate à manier, ne m’a personnellement ce fois-ci pas du tout dérangé, bien au contraire. J’y verrais même assez facilement pour le coup un marqueur autobiographique, celui de Elitza Gueorguieva adulte s’adressant à la petite fille qu'elle fut.

Elitza Gueorguieva irrigue donc, avec ce ton si plaisant, le double témoignage du livre. Témoignage politique tout d’abord, de son pays d’origine, la Bulgarie (de la vie sous l’ère communiste finissante, à la transition démocratique et ses désillusions). Témoignage intime ensuite, celui d’une enfant qui grandit et qui, en comprenant peu à peu la complexité du monde qui l’entoure, va perdre elle aussi ses rêves les plus chers dans un désenchantement mélancolique.