Petite soeur la mort
de William Gay

critiqué par Ellane92, le 6 juin 2017
(Boulogne-Billancourt - 48 ans)


La note:  étoiles
une bien belle écriture !
Pas facile d'être un écrivain, surtout si l'on a connu une fois le succès et que l'on est en manque d'inspiration ! Sur les conseils de son éditeur, David Binder s'est décidé à écrire un roman de terreur, histoire de relancer la machine à écrire des histoires. Pour se mettre dans l'ambiance, il décide de s'installer, avec sa femme enceinte et sa petite fille, dans une propriété qui a très mauvaise réputation. Elle aurait été le théâtre de meurtres et de démence, et l'habitat d'esprit frappeurs et farceurs, à l'humour très noir.

Petite sœur la mort est un roman agréable à lire mais difficile à classer : il oscille entre plusieurs plusieurs registres, une pour chaque période de l'histoire (il y en a trois), du roman d'horreur à proprement parler au roman de maisons hantées comportant son lot de poltergeists et autres fantômes venus réclamer la santé mentale des hôtes de la-dite maison, et le fantastique "plus classique", pour la partie moderne. Bien entendu, la découverte et la compréhension par le lecteur des évènements passés créent une tension non négligeable, et font anticiper le pire pour les personnages de la période moderne, dont l'étonnant David Binder. Il est étonnant, ce garçon, d'abord parce qu'il n'est pas vraiment sympathique ; pour un écrivain, il manque sérieusement d'empathie, et puis sa fascination pour le passé et le mystère du domaine Beale, qui lui importe bien plus que sa femme ou ses enfants, frôle la manie furieuse.
Personnellement, j'ai trouvé qu'il y avait un peu trop de mélange de genres, du coup, ce livre a un peu de mal à se positionner franchement sur un registre principal ; les attentes du lecteur sont malmenées et souvent déçues : l'histoire manque souvent d'un peu de tension ou d'horreur. On est bien loin du Shining de S. King, même si le sujet aurait pu y faire penser ! J'ai trouvé en revanche quelques rapprochement avec l'univers d'H.P. Lovecraft, dont William Gay, nous dit l'excellente et alléchante préface de Tom Franklin (il faut lire Le retour de Silas Jones si vous en avez l'occasion !) était fan, avec une ambiance assez gothique et l'absence de sens des puissances obscures hantent des lieux sans objectif ni finalité. D'ailleurs, en lisant la dernière ligne de ce livre, on ne connaitra pas pour autant le dernier mot de cette histoire !
Ceci dit, reste la très belle écriture de W. Gay, assez atypique pour ce type d'ouvrage, et que je rapprocherais de celle de ses amis et pairs : Ron Rash, Tom Franklin, etc. Petite sœur la mort est une belle découverte qui me donne l'envie de découvrir d'autres livres de cet auteur.