Privé de parking
de Daniel Fano

critiqué par Débézed, le 1 juin 2017
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Revue de presse condensée
Désigné comme un « auteur culte », par l’éditeur dans la courte biographie figurant à la fin de l’ouvrage, Daniel Fano n’a publié qu’ « exceptionnellement » avant que Jean Louis Massot l’introduise aux Carnets du dessert de lune. « Entre 2010 et 2016, Daniel Fano a produit de courtes séries de textes presque toutes réunies dans Privé de parking et Tombeau de l’amateur », Privé de Parking comporte donc neuf séries de textes plus ou moins courts allant de l’aphorisme aux récits brefs dans lesquels l’auteur jette un regard facétieux, ironique, en passant parfois par le sarcasme, sur notre société décadente.

Fano ne juge pas, il regarde et rapporte ce que les documents qu’il a consultés (la presse populaire féminine surtout, le poids des mots et le choc des photos aussi), les conversations qu’il a eues avec ses amis, lui ont inspiré, ça le fait sourire, ça le fait rire, parfois même un peu jaune. J’ai ressenti dans ces textes courts toute la puérilité que Daniel Fano semble éprouver devant le spectacle qu’offre notre société où les idoles et les icônes, un même mot pour désigner ceux qui font l’actualité (certains diraient aujourd’hui le buzz, mot tellement hideux que je n’ose l’écrire qu’entre parenthèse) ne sont plus les stars et les idoles du cinéma et de la chanson mais celles et ceux qui se dévoilent et s’exhibent le plus, sachant qu’on peut se dévoiler encore plus en montrant ses opinions, avis et réflexions qu’en offrant ses charmes aux regards des populations. Le scandale et les gambettes font bon ménage dans la presse populaire, le sexe devient un argument de vente, sous de multiples formes, les hardeuses (encore un mot laid pour désigner de belles jambes) deviennent des idoles qui partagent les unes avec des politiciens et des philosophes.

Fano est désigné par son biographe comme un auteur expérimental, c’est un spécialiste de la condensation des textes, il pressure ce qu’il lit, ce qu’il voit, ce qu’il entend pour en recueillir le jus essentiel avant de l’accommoder à son goût pour nous le servir bien frais, prêt à consommer mais pas avant de l’avoir dégusté et analysé comme un grand cru classé. Une démarche à l’inverse de celle qui se répand aujourd’hui avec l’apparition des réseaux sociaux qui servent du prêt à consommer identique pour tout un chacun, fadasse à force d’avoir été vu et revu. « Facebook rend fou, le triomphe du menu fait rend tout, factice : il enfonce la société occidentale dans ce que les Anglo-saxons appellent un anticlimax – il n’y a pas de mot français correspondant, alors mettons : un orgasme inversé. »

Merci Daniel de nous avoir aussi versé cette petite rasade de nostalgie en évoquant, dans certaines séries, nos plus belles années, celle de la jeunesse, celle des années soixante. Chaque période a les idoles qu’elle mérite, nous nous souvenons des nôtres car nous étions jeunes et beaux (pas tout à fait sûr) quand nous les admirions.