Assez de bleu dans le ciel
de Maggie O'Farrell

critiqué par Alapage, le 1 mai 2017
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Fresque familiale à découvrir!
Ce roman se déroule en fait sur trois décennies où l'on peut suivre le parcours de vie d'un homme, Daniel, et de sa conjointe, Claudette. Leur route s'est croisée, un jour, sur les chemins d'Irlande alors que tous deux fuyaient une vie qui les rendait malheureux.

Daniel est linguiste de formation dont la vie a toujours été entourée de femmes. Il y a eu Nicola, son premier amour alors qu'il était encore aux études, mais dont le destin aura voulu qu'ils se séparent. Alors que Daniel est de retour aux États-Unis pour le décès de sa mère, celui-ci plonge dans une dépression et fera la connaissance d'une femme avec qui il se mariera et aura deux enfants, Niall et Phoebe. Suite au divorce, celle-ci l'empêchera de voir ses enfants. Alors Daniel part en Irlande pour aller chercher les cendres de son grand-père. Mais il n'avait pas prévu de rencontrer Claudette sur une route...

Claudette avait tout pour être heureuse, la gloire et le succès. Son métier d'actrice aurait dû la rendre heureuse, mais ce n'est pas le style de vie qui la comblait. Alors qu'elle et son fils sont en vacances, elle trouve enfin le moyen d'échapper à cette vie et ira se cacher en Irlande. Elle n'avait pas prévu de rencontrer Daniel sur une route...

L'auteure a une écriture à la fois profonde et tout en finesse : Il y a une sensation qu'une fenêtre, quelque part, s'est ouverte brusquement ou qu'un domino, un seul, est tombé contre un autre, provoquant une réaction en chaîne. Une vague s'est soulevée, s'est retirée, et tout ce qui se trouvait en dessous, peu importe quoi, est à jamais altéré.

Personnellement, j'ai eu un peu de difficulté à adhérer au récit. Les va-et-vient entre les années et le changement de protagonistes m'ont vraiment contrariée. Alors que je n'avais qu'une seule hâte, soit celle de terminer le bouquin le plus rapidement possible... eh bien voilà que les mots me frappent de plein fouet! On comprend alors le désarroi de ces personnages, on ressent leur douleur.

La psychologie des personnages est profonde et singulière. Et pourtant alors que l'auteure raconte la vie de couple de Daniel et Claudette avec ses hauts et ses bas, ici tout semble à la fois fantasque et réel. Des émotions qui viennent nous toucher droit au cœur. Il est parfois aisé de croire que le passé est bien enfoui, mais il refait toujours surface, et ce, au moment où l'on s'y attend le moins. Et là, rien à faire Daniel devra y faire face et arrêter de fuir. Mais la route sera ardue. Claudette saura-t-elle accepter? Saura-t-elle être patiente et attendre?

Une fresque sur l'amour familial, fraternel et conjugal... où il y a assez de bleu dans le ciel pour être heureux!
Avancer, toujours 8 étoiles

En 2010, Daniel Sullivan est un homme heureux quand il rentre dans sa maison isolée du Donegal. Marié à une femme superbe et originale, père d’une petite Marithe et du bébé Calvin, beau-père d’Ari, qu’il a aidé à maîtriser son bégaiement grâce à ses connaissances en linguistique, matière qu’il enseigne à l’université de Belfast.

Américain d’origine, il accepte de retourner à Brooklyn aux Etats-Unis pour les 90 ans de son père avec qui il est fâché depuis la mort de sa mère.
Il va profiter de ce voyage et de la majorité de son fils pour revoir ses enfants nés d’un premier mariage, Niall et Phoebe qu’il n’a pas vus depuis 10 ans, après des années de bataille avec son ex-femme.
La lecture d’un journal va modifier l’emploi du temps et l’itinéraire prévus. L’article qui l’a bouleversé annonce la mort de Nicola Janks, son premier amour alors qu’il était encore étudiant et qu’il avait quitté de façon peu glorieuse.
Et l’on remontera jusqu’en 1986, rencontrant Daniel, jeune séducteur, jusqu’à sa rencontre avec Nicola, déjà brillante professeure.
On découvrira le passé de Claudette, actrice réalisatrice à la réputation de diva capricieuse, partageant sa vie avec Timou Lindstrom.
Ce passé oublié, tu, rattrape Daniel et va bouleverser sa vie, et nous le quitterons en 2016, homme mature, vieilli, profondément changé.

Ces allers et retours permanents entre le passé et le présent, ces souvenirs qui remontent, perdent parfois le lecteur .
Comme à son habitude Maggie O’Farrell aborde avec énormément de pudeur, d’émotion, de justesse, les épreuves qui traversent nos vies, à travers des événements variés, divorce, maladies, deuils, éloignement, adoption, stérilité, relations père et enfants, éducation, enseignement, l’alcoolisme, et les sentiments qui les accompagnent, la culpabilité, le remords, les regrets...
à noter la présence d’un fils de Daniel atteint de la même maladie que la fille de l’auteure, une forme grave d’eczéma.
Et le mot de la fin sera pour Daniel "Car il nous faut poursuivre ce qui se trouve devant, et non derrière, ni ce que nous avons perdu. Nous devons saisir ce que nous sommes en mesure d’atteindre et nous accrocher, vite."

Marvic - Normandie - 66 ans - 14 décembre 2020