Piégés par Staline
de Nicolas Jallot

critiqué par CC.RIDER, le 29 avril 2017
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Des milliers de citoyens français derrière le rideau de fer
En juin 1946, le secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique, le camarade Staline, propose aux Russes exilés en France de rentrer au pays, de récupérer la jouissance de leurs droits civiques et de participer à la reconstruction du pays ravagé par la guerre. Pris par la nostalgie, trompés par une propagande efficace suite à la victoire sur le nazisme et convaincus de la sincérité de ce geste inattendu de réconciliation nationale, une grande partie de la diaspora russe blanche organisa son retour dans sa patrie originelle. Sur les 65 000 Russes d’origine que comptait la France des années 30, plus de 5000 (dont des femmes françaises et des enfants nés dans l’Hexagone) prirent la route du retour. Mal leur en prit. À leur arrivée, après un voyage dantesque, ils n’eurent droit qu’à la relégation dans des villages perdus de Sibérie, au démembrement des familles quand ce ne fut pas carrément à l’internement dans les camps de concentration du Goulag. Plus du tiers mourut dès les premiers mois de séjour (exécutions, suicides, déportations au-delà du cercle polaire, travaux forcés dans les mines, famines, relégations). Et ceci dans l’indifférence la plus complète.
« Piégés par Staline » est un ouvrage historique basé sur un certain nombre de témoignages de survivants qui dans leur immense majorité sont maintenant trop pauvres ou trop âgés pour pouvoir rentrer en France. Cet épisode des relations franco-soviétique, qui vit Charles de Gaulle abandonner ces pauvres hères à leur triste sort au nom de la politique, représente une pièce de plus à ajouter au procès du communisme soviétique lequel est toujours à faire. Très bien écrit et très bien documenté (il est basé sur une enquête de télévision menée sur place), ce livre passionnant à lire pour son importante charge d’humanité ne manquera pas d’intéresser les passionnés d’Histoire et les chercheurs de vérité.