Images économiques du monde 2017 - Le tourisme : nouveau secteur stratégique ?
de François Bost, Laurent Carroué, Sébastien Colin, Christian Girault, Anne-Lise Humain-Lamoure

critiqué par Colen8, le 14 avril 2017
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Tout ne va pas très bien
Comprendre comment va le monde est ce qu’offrent ces statistiques officielles(1), avec leur analyse géo-politico-économique par des dizaines d’universitaires ou assimilés. Or le constat est alarmant car le monde n’a pas récupéré de la crise financière 2008-2009, toujours sous la menace d’une récidive bien pire. Les réformes nécessaires sont donc restées en partie lettre morte. Les spéculations financières sont reparties de plus belle alimentées par de colossales liquidités, la corruption est partout, la pauvreté revient. Le monde ne va pas bien à cause du ralentissement général de la croissance, du contre-choc pétrolier concomitant à la chute des cours des principaux métaux qui pénalisent les pays rentiers, de la surévaluation du dollar, du terrorisme qui sévit partout, de la crise des réfugiés la plus grave depuis le dernier conflit mondial, du chômage des jeunes véritable gangrène du développement, des aléas climatiques. Il ne va pas bien à cause de la fragmentation entre les Etats qui transparait sous la mondialisation, l’exacerbation des nationalismes, le renforcement de régimes autoritaires, l’impuissance des Nations Unies à régler les conflits. Les IDE (investissements directs étrangers) en forte reprise en 2015 n’apportent guère de marge de manœuvre aux Etats en mal de compétitivité productive, sociale ou fiscale.
Dans ce contexte l’Europe révèle sa fragilité politique, sa faiblesse diplomatique, son déclin démographique(2), le creusement des inégalités sociales(3), la vulnérabilité de la zone euro. Elle se révèle incapable de gérer la crise migratoire autrement que par les fermetures unilatérales des frontières. Le coup de tonnerre du Brexit a acté les tensions entre la doxa bruxelloise ultralibérale acquise à la mondialisation des échanges et l’attente des populations toujours plus précarisées par des plans d’austérité imposés. Les atouts économiques de l’Europe et de la France avec elle, dans quelques secteurs porteurs d’emplois non dé-localisables, le tourisme hors zones de conflits ou lieux d’attentats, le transport et la logistique accompagnant le commerce mondial, la transition énergétique en faveur du renouvelable ne suffisent pas. Les crises conjoncturelles et structurelles créent des mouvements sociaux notamment dans l’agriculture pénalisée par l’embargo de la Russie en réponse aux sanctions de la crise ukrainienne. La volonté de ré-industrialisation susceptible de créer de la richesse n’apporte pas d’emplois puisque les robots remplacent avantageusement la main d’œuvre.
Les fiches de 170 pays, dont 135 assorties de commentaires, détaillent une quarantaine d’indicateurs permettant observations et comparaisons. Ni les Amériques centrale et latine, ni l’Afrique ne confirment les débuts de décollement économique observés pendant la phase d’expansion et ce malgré l’activisme de la Chine dans une bonne partie de l’Afrique. On est surpris pas le faible taux d’abonnés internet haut débit qui ne dépasse jamais 40%, comparé à celui des téléphones mobiles largement supérieur, jusqu’à atteindre 140%. Les taux de migration indiquent les pays d’accueil, majoritairement Etats-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande ainsi que le nord de l’Europe, et d’où viennent les migrants.
(1) Arrêtées selon les sources en 2014, 2015 et jusqu’à mi-2016
(2) La fécondité est descendue à 1,3 enfant par femme dans certains pays, nulle part elle n’atteint plus les 2,1 enfants par femme nécessaires au renouvellement naturel des générations.
(3) 1% des plus riches sont à la tête de 27% de la fortune et 10% des ménages possèdent 50% du patrimoine.