Une colère noire : Lettre à mon fils
de Ta-Nehisi Coates

critiqué par Septularisen, le 25 février 2017
( - - ans)


La note:  étoiles
MAIS QUI A VRAIMENT LU CE LIVRE?
Ta-Nehisi COATES (*1975), est un journaliste et écrivain noir américain, devenu subitement célèbre en juillet 2015, à la publication de son deuxième livre : «Une colère noire », livre applaudi par de nombreuses personnalités de premier rang, encensé par la critique et qui a notamment obtenu le prestigieux prix américain, le National Book Award dans la catégorie «non-fiction ».

Ce livre se présente comme une longue lettre d’un père à son fils, Samori, âgé de 15 ans. Je l’ai personnellement beaucoup plus ressenti comme une autobiographie, construite autour de quelques instants importants de la vie de l’auteur (p. ex. sa première visite à Paris...) et un surtout pamphlet acerbe et critique contre son pays. Curieusement le titre américain: « Between the world and me » («Entre le monde et moi»), beaucoup plus représentatif du contenu du livre, devient en français : « Une colère noire ». Sans doute une « tactique» éditoriale pour vendre plus?
Concrètement l’auteur défend et explique sa théorie de la « perte du corps » (parfois aussi présentée comme « Précarité du corps des Noirs en Amérique), par rapport aux violences, aux abus et aux meurtres d’Afro-Américains aux États-Unis d’Amérique par les dépositaires de l’autorité publique

La traduction joue-t-elle un rôle ? Le thème est bon, intéressant, mais vraiment très très mal écrit. D’un style très quelconque et très décousu, avec notamment sans cesse des allers-retours chronologiques et de reprises de thèmes et d’histoires traités des dizaines de pages auparavant.
Si certaines théories («La race naît du racisme et non le contraire») et certaines envolées lyriques («Je n’ai aucun contrat social avec les criminels qui vivent dans ma rue, alors que je paye les policiers censés me protéger avec mes impôts. Une bavure policière n’est pas juste un meurtre, c’est une trahison.») de l’auteur sont admirables, tout le reste baigne dans une sorte de médiocrité très commune et maintes fois décrite. Le tout saupoudré de banalités («L’Amérique se veut différente. L’Amérique se croit exceptionnelle ») et de philosophie de cendrier (« On ne peut pas en même temps prétendre être surhumain et plaider que l’erreur est humaine »). Le tout ressassé et répété de diverses façons pendants 200 pages!
A noter qu'à aucun moment, l’auteur ne propose ne fut-ce qu’un début de solution, pour résoudre tous les problèmes qu’il décrit. Alors au fond, à part un long catalogue de doléances, quid de ce livre ?

Les notes du traducteur censées aider le lecteur européen à mieux comprendre le livre sont insuffisantes, parfois fausses et très incomplètes. Merci de m’expliquer ce qu’est un « Touchdown » (accessoirement ce mot se traduit par un « Touché » en français…) au football américain, mais je suis sûr qu’il y a certainement plus de personnes qui savent ce que c’est, que de personnes qui savent qui sont toutes les personnes citées dans le livre?
Et pourtant… Pas un mot, pas une date, pas une explication sur la vie et l’œuvre de ces personnes… Comment un lecteur lambda comme moi p. ex. qui n’est pas spécialiste de l’histoire des Afro-Américains peut-il comprendre ce livre, et interpréter les théories qui y sont exposées, si on ne lui donne pas la possibilité de le faire?

Bien d’autres choses m’ont vraiment choqué à la lecture de ce livre p. ex. : Raconter à son fils de 15 ans que l’on est tombé amoureux de sa mère «un pétard dans une main et une bière dans l’autre» est-ce normal? Dire que l’on n’accepte pas le «bornage » comme p. ex. le premier noir maire d’une grande ville, ou le premier noir à la NASA n’est-il pas insultant envers ces personnes-là justement ? Critiquer à tout va l’école, lui taper dessus, encore et encore? C'est pourtant cette même école, si je ne m’abuse, qui lui a permis d’arriver là où il est et de devenir l'homme qu'il est, non? Critiquer sans cesse le système policier et judiciaire de son propre pays est-il le bon exemple à donner? ("Le problème, avec la police n'est pas qu'elle est constituée de porcs racistes, mais que notre pays est dirigé par des porcs majoritaires"). Caractériser les Parisiens par le fait qu'ils sont "Tous en train de fumer"? Comptabiliser la mort de son camarade d'université par "l'essence consommée, aux pneus usés pour l'emmener à des matchs de football américain"? Après les attentats du 11 septembre 2001 est-il responsable de la part d'un père d'écrire à son fils des phrases comme celle-ci : "Pendant les jours qui ont suivi, j'ai observé les ridicules défilés de drapeaux, le machisme des pompiers, les slogans pleins de colère. Qu'ils aillent tous au diable".
Je laisse M. COATES seul responsable de ses écrits…

Mais, et je suis désolé de le dire, mais je ne cautionnerai jamais le fait que certaines phrases du livre sont d’un racisme «anti-blanc », et avec des relents de xénophobie en plus! Est-il acceptable M. COATES, aussi virulent qu’il soit, veuille dénoncer le racisme fait aux noirs américains, en employant la même «technique» contre l’autre partie de ses concitoyens? Inadmissible! Pire encore, j'ai l'impression que M. COATES n'aime rien, ni personne et même pas ses concitoyens de couleur qu'il prétend pourtant défendre dans ce livre! ("Jamais je ne considérerai le moindre citoyen américain comme quelqu'un de pur").

J'ai donc terminé - en me faisant violence d'ailleurs -, la lecture de ce livre effaré!
Tous les critiques qui en parlent de façon si dithyrambique l’on-t-il vraiment lu? Un livre si mal écrit et si décousu, plat et répétitif, comportant des erreurs, sans queue ni tête, sans conclusion pertinente et sans une fin digne de ce nom (dans sa traduction française en tout cas), élu «Meilleur livre de l’année» par le magazine «Le Point»? «Meilleur livre de l’année catégorie Essai» par le magazine «Lire»? Les rédactions de ces deux magazines l’on-t-il vraiment lu? Ou bien se sont-elles simplement basées sur des rumeurs? Le phénomène de mode? La réputation de ce livre? Plaisanterie, qui ne fait rire qu'eux?..

La question reste ouverte, mais je suis atterré par tant de médiocrité!...