Blue Bay Palace
de Nathacha Appanah

critiqué par Clarabel, le 15 avril 2004
( - 47 ans)


La note:  étoiles
Autant en emporte la passion
Quel enchantement ce petit roman de Nathacha Appanah-Mouriquand : il vous ensorcelle de cette bouleversante magie exotique et fatalement passionnelle. Pourquoi avoir été si longtemps sourde aux sirènes de "Blue Bay Palace" ?? cet appel d'un monde inconnu, lointain mais envoûtant.
Car l'action de "Blue Bay Palace" se passe dans "un pays né du crachat brûlant d'un volcan et dont le profil a été dessiné par les tempêtes et le soleil cardinal", un endroit qui n'est pas nommé, où règne une civilisation indienne, divisée par les castes, celles des riches et des pauvres, celles des touristes et des "indigènes".
Blue Bay, c'est là où habite Maya, une jeune beauté de dix-neuf ans, qui appartient à la partie presque miséreuse du pays. Mais Maya travaille au Palace pour touristes fortunés, elle est hôtesse d'accueil et surtout, elle est amoureuse de Dave, patron d'un des restaurants du Blue Bay Palace. Elle n'a que seize ans lorsqu'elle le rencontre pour la première fois, qu'elle cligne des yeux en le voyant, éblouie par le soleil et par la beauté du jeune homme. Tous deux vont s'aimer pendant deux ans, en secret. Car Dave doit épouser une autre fille, une jolie héritière de la même caste du garçon. Et c'est un entrefilet dans le journal local qui annonce à Maya l'horrible nouvelle.
L'histoire de Maya tombe dans le chaos : poignardée au plus profond d'elle-même, blessée et malheureuse, elle ne va pas remonter à la surface. Les eaux de la jalousie et de la rancune vont l'engloutir et c'est cette "autre" qui sera sa cible. Elle qui lui a tout pris : son amour, une grande et belle maison toute blanche suréquipée, avec voiture, chauffeur, jardinier, etc. Bien entendu son amant aussi va payer, finalement ce n'était pas cette solaire créature qu'elle croyait avoir rencontré.
Maya souhaitait quitter son pays, partir en Angleterre, devenir fonctionnaire et travailler dans un bureau climatisé, bref échapper à cette existence, "fuir ces murs, ce village, ce pays où les horizons se resserrent, cette mer-prison, ces chemins tortueux, ce manque d'air, cette absence d'espace". Rejoindre une contrée où "il ne faut pas se marier selon les règles" et où "on peut aimer qui on veut"...
La fatalité va agripper la jeune fille car "contre le malheur qui pousse et repousse encore au même endroit, il n'y a que le poison qui est efficace. Il faut l'éliminer à la racine."Maya est attachante, bouleversante et son histoire nous emporte loin, très loin. C'est beau, très bien écrit, poétique et tragique, d'une violence passionnée et sous l'emprise d'une telle passion, que ne serait-on capable de commettre ?.. l'irréparable, certes.
Absolument irrésistible, "Blue Bay Palace" est un magnifique voyage sur une terre inconnue, dictée par des codes qui immanquablement brisent des coeurs, des familles et des rêves.
Pas pour moi ! 7 étoiles

Après la merveilleuse critique de Clarabel je brûlais d'impatience de lire ce livre, mais sans doute comme à chaque fois que l'on a trop d'attentes envers quelque chose, on est un peu déçus...
Je ne nie pas le talent de Nathacha Appanah-Mouriqaund, mais justement l'histoire de ce livre me dérange. Je la comprend intimement et me met en état d'empathie, et je déteste !
C'est efficace, c'est triste et désolant. ça fait mal, et décidemment je n'aime pas du tout ça....

Cuné - - 56 ans - 29 août 2004


Peut mieux faire 4 étoiles

Cette jeune auteur a indéniablement du talent, cependant ce "Blue Bay Palace" n'a pas la même qualité à mes yeux que son premier roman, "Rochers de Poudre d'or" qui abordait le problème de l'esclavage à Maurice, de ces arrivants convaincus qu'ils allaient y trouver l'eldorado et qui tombèrent sur la misère et l'humiliation. Un récit plein de pudeur et de force, comme celui-ci, mais qui possédait un peu plus de charme et d'originalité. Ce qui n'empêche pas ce nouveau texte de faire mouche en dénonçant les inégalités, la lutte des classes, les contraintes sociales et familiales, mais il y a là un petit air de déjà vu qui me chatouille. D'ici deux ou trois romans, en effet, Nathacha Appanah-Mouriquand aura certainement trouvé le trait de génie qui fera toute la différence.

Sahkti - Genève - 49 ans - 2 mai 2004