Revoir Paris, Tome 2 : La nuit des constellations
de Benoît Peeters (Scénario), François Schuiten (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 18 février 2017
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Eclats de lumière
Nous sommes en 2156, et après un long périple depuis l’Arche, Kârinh a enfin débarqué sur Terre. Elle va pouvoir découvrir ce Paris qui alimentait tous ses rêves et tous ses fantasmes, une cité où elle sent confusément qu’elle pourra y trouver des traces de ses origines. Mais la ville qu’elle avait imaginée à travers moult documents anciens semble avoir bien changé…

Avec cette seconde partie, Benoit Peeters et François Schuiten poursuivent leur exploration d’un Paris futuriste et éclaté. Un projet dans lequel seuls les maîtres belges du neuvième art, toujours très portés sur l’architecture, pouvaient faire intervenir leur imagination avec autant de brio. Leur Paris de 2156 atteint une dimension quasi-onirique, presque irréelle au point d’en apparaître inquiétant, comme à travers un kaléidoscope géant. Car pour préserver la ville lumière, ses défenseurs ont jugé bon de déplacer certains monuments pour les remplacer par des copies ! Ainsi, ce Paris n’apparaît plus que comme une parodie de lui-même, un gigantesque parc d’attractions, un Paris muséifié, fragilisé et un peu paranoïaque, surplombé par un immense dôme de verre destiné à le protéger des attaques terroristes, car la ville suscite de toutes parts – on ne saura pas exactement pourquoi - rancœur et haine. Une vision qui résonne étrangement avec le Paris d’aujourd’hui.

Le dessin réaliste porte toujours la marque unique de Schuiten, avec son style à la fois figé et aérien, où les personnages apparaissent souvent comme désincarnés, évoluant dans un décor rétrofuturiste dans lequel tous les rêves verniens de la fin du XIXe et du début du XXe siècle auraient trouvé leur accomplissement. Ici, les contours s’effacent derrière la couleur, caractérisée par une gamme chromatique tout en retenue.

C’est élégant et délicat, et ce Paris-là se révèle assez envoûtant, notamment avec les cadrages en plongée et ses prothèses architecturales qui permettent de redécouvrir la capitale sous un autre angle, étonnant celui-là, malgré son côté vaguement Disneyland…

A côté de toutes ces qualités graphiques, le récit donne hélas l’impression de se diluer sous le flot de ces jolies cartes postales à la fois familières et insolites. Plus fasciné que véritablement captivé, le lecteur finit par oublier ce pour quoi la jeune héroïne est venue voir Paris, et pour tout dire, s’en moque un peu. C’est bien dommage, car Benoit Peeters a prouvé par le passé, à travers notamment « Les Cités obscures », qu’il savait construire de bonnes histoires. Ici, il semble juste avoir subi l’imposante aura de la ville lumière.
Retour vers le futur 9 étoiles

Kârinh est aux portes de Paris. Elle a été arrêtée et se fait cuisiner, mais pour quelles raisons revenir sur terre ? Les Archiens sont considérés comme des planqués de l'espace. Pourquoi sont-ils là ?

Elle parvient à s'échapper et grâce à l'aide de Matthias Binger, elle rejoindra le coeur de l'ancien Paris protégé par un dôme et conservé pour les touristes.

Paris a bien changé, on n'y vit plus réellement, il s'agit plutôt d'une vitrine...

Kârinh est à la recherche de ses origines, de son père un certain Jérôme... mais sur terre, elle apprendra la réelle raison de sa mission....

J'ai dévoré cet album, cette plongée dans un univers onirique, un monde bien particulier. J'ai aimé la cohabitation entre ce monde futuriste et ce monde ancien, cette cité engloutie...

Les dessins sont superbes, précis, détaillés. On y retrouve de jolis bâtiments de Paris : le musée des arts et métiers, le métro, le quartier du Marais, les halles Baltard, le centre Pompidou, Notre-Dame, ... Un vrai régal, un petit joyau que je vous conseille vivement.

Ma note : 9/10

Nathavh - - 60 ans - 27 avril 2017