La chienne de Naha
de Caroline Lamarche

critiqué par Nathafi, le 9 février 2017
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
De beaux voyages
"Lire c'est voyager, voyager c'est lire" Victor Hugo.
Cette citation a accompagné le livre de Caroline Lamarche au fil des chapitres, présente sur un marque-page choisi au hasard. Et colle à la perfection à cet ouvrage, puisqu'il y est question de voyage, de voyages au pluriel même...
Le premier, un voyage dans les souvenirs, la petite enfance, la narratrice raconte ses premières années, auprès de ses parents, et de Lucia, sa "seconde mère", qui compte tout autant à ses yeux. A la mort de celle-ci, trop accaparée par sa nouvelle vie d'adulte et son histoire d'amour naissante, notre héroïne décide de ne pas se rendre à ses obsèques, avec regrets pourtant.
Pour le voyage suivant, elle est invitée au Mexique, pour la fête des morts, par la fille de Lucia, Maria, qui a suivi son mari dans ce pays. Cinq ans après l'enterrement auquel elle n'avait pas assisté, sa vie a changé, son amour naissant a vécu, puis se meurt. Plus rien ne la retient, elle part... Un voyage initiatique à la découverte de ce pays, des moeurs et coutumes de chaque communauté, où souvent la femme n'a qu'une place de second ordre, voire pire... Et puis ce conte, "La chienne de Naha", présent tout au long du roman, énigmatique et angoissant.
Voyage spirituel aussi, puisque, lors de ses pérégrinations, la jeune femme côtoiera de nombreux religieux, partagera avec eux les prières, les offices.
Voyage de l'âme, surtout, le retour sur soi, sur cet amour qui meurt, sur ces années pourtant agréables pleines de souvenirs. Un coeur en peine, une âme perdue, c'est difficile pour elle de profiter pleinement de ce qui l'entoure, on a l'impression qu'elle se laisse porter par les événements, qu'elle subit, que son destin ne dépend que de la bienveillance de ceux qui l'accueillent. Dans ce pays inconnu, où elle se trouve parfois dans des zones sensibles, elle a certes conscience du danger, mais rien ne l'atteint. Par contre elle s'émeut des conversations avec les personnes qui la reçoivent, essaie de partager leur quotidien et s'intéresse à elles, se ressource malgré elle pour un retour prochain...

De beaux voyages donc, un choc de cultures, un changement de repères intéressant pour un être assez perdu ayant sombré dans la mélancolie. Emouvant.