Histoires peu ordinaires
de Patrick White

critiqué par Septularisen, le 7 février 2017
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
TROIS TEXTES MALAISÉS!…
Malgré de nombreuses traductions en français, Patrick WHITE (1912-1990), l’un des plus grands écrivains australien du siècle dernier, reste très largement méconnu dans nos pays. Écrit après le Nobel «Histoires peu ordinaires» («Three uneasy pieces» en V.O.) est un livre d’un style très différent – beaucoup plus acéré, beaucoup plus «acide» -, que celui habituel de l’écrivain, que l’on peut lire p. ex. dans un livre comme « Une ceinture de feuilles », qui reste son livre le plus connu chez nous.

«Histoires peu ordinaires» est composé de trois nouvelles, la première «L’âge d’une verrue » fait pratiquement tout le livre, puisque la deuxième «Le cri déchirant de la pomme de terre» ne fait que quatre pages et «Danser les deux pieds par terre», guère plus de 16 pages.

Dans «L’âge d’une verrue » le narrateur, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, - on devine toutefois que ce texte est très largement autobiographique -, nous raconte une histoire d’amitié entre deux adolescent, le narrateur lui-même et Tancrède Bluey « Blue » Platt. Fréquentant la même école, bien que d’origines très différentes, le narrateur étant issu d’une famille très riche, alors que Tancrède vit avec sa mère dans un petit appartement de la banlieue pauvre, les deux adolescents partagent tout, au point de se retrouver avec la même verrue, sur le même doigt…
La guerre les sépare, le narrateur partant vivre avec ses parents au Royaume-Uni, Tancrède partant vivre auprès des aborigènes d’Australie à qui il apprend la menuiserie. La guerre finie, les années passant, le narrateur devient un écrivain mondialement reconnu et il aurait tout pour être heureux… Mais un désir secret le hante depuis toujours : Retrouver son ami d’enfance, Tancrède… Il se met alors en quête de celui-ci…

«Le cri déchirant de la pomme de terre», se présente, en utilisant un dilemme de cuisinière, - faut-il ou non évider les yeux des pommes de terre ? -, comme une métaphore de la vieillesse, l’auteur s’insurgeant tour à tour contre le mythe de la sagesse croissant avec l’âge, de la famille, de la « Science Chrétienne » considérant la mort comme une charité, du végétarisme etc…

«Danser les deux pieds sur terre », nous montre l’auteur vieillissant, relégué comme danseur «payant» dans le grand « Schloss-Hôtel » au milieu des montagnes, pour une clientèle aussi fortunée que futile, aussi farfelue que cosmopolite et presque toujours en quête de rédemption et de pardon chrétien…
L’auteur qui se demande s’il y a encore un sens à sa vie, en conclut que tant qu’il aura la volonté de danser, il aura la volonté de vivre…

J’ai fini ce livre plutôt mitigé, c’est certes très bien écrit, mais très loin du style habituel de l’écrivain, et j’avoue ne pas m’être du tout retrouvé dans ce livre-ci. Ici l’écriture est confuse, hachée, brusque et les histoires comme mal dégrossies, mal finies, plutôt bâclées, surtout sur la fin.
Je reste donc plutôt à conseiller des livres comme «Eden-Ville» ou «Voss», si l’on veut vraiment connaître et se représenter, la très belle et très originale écriture de l’auteur australien.

Rappelons que Patrick WHITE a été le lauréat du Prix Nobel de Littérature en 1973, il est d’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, le seul australien lauréat de ce prix.