Anatomie sociale de la France
de Hervé Le Bras

critiqué par Colen8, le 7 février 2017
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Quelques observations tirées du recensement 2011
La masse de données du recensement 2011 permet d’affiner l’information venant des enquêtes et sondages réguliers qui portent sur des échantillons trop restreints pour opérer tous les croisements multicritères voulus. Les principales variables du recensement, avec plusieurs tranches de valeurs pour chacune d’elles sont : l’âge, le sexe, la structure des couples, la structure des ménages, la fécondité féminine, le niveau d’éducation, la catégorie sociale, le chômage. Elles sont aussi croisées avec selon les cas la répartition urbain-rural, la répartition géographique sur le territoire, la répartition immigré-non immigré.
Les femmes étant plus nombreuses que les hommes à être titulaires d’un diplôme universitaires ont donc pour une proportion d’entre elles un conjoint moins diplômé. Or non seulement à diplôme égal elles ne font pas les mêmes carrières professionnelles, mais leur rôle social a peu changé dans les soins aux enfants et les travaux ménagers. La méritocratie républicaine a des progrès à faire. Facteur que l’on peut interpréter comme réussite de l’intégration, la moitié des unions comportant au moins un immigré sont des unions mixtes. Quant à la crainte du « grand remplacement » une simulation montre que les taux de naissance selon l’origine des parents et grands parents se stabilisent dès la troisième génération. Les chapitres consacrés au chômage confirment cette préoccupation majeure de la population qui explique son pessimisme. La dispersion d’un taux global voisin de 10% pouvant atteindre 50% sur les catégories les plus défavorisées a des répercussions de proche en proche intra et intergénérationnelles sur les familles comme sur le voisinage.
Il s’agit d’un coup de projecteur et non d’une analyse exhaustive. Des graphiques 3D soignés et de nombreuses cartes territoriales rendent les données plus lisibles que des tableaux statistiques. Hervé Le Bras reconnait qu’on n’explique pas toutes les variations fines mises ainsi en évidence. En raison des contradictions apparaissant selon l’angle choisi il invite à ne pas tirer de conclusions hâtives ni à considérer les français isolément. Leurs choix et leurs destins sont avant tout fonction de leur milieu familial et social, de leur origine, de leur importance dans la population, de la situation économique.