La mondialisation malheureuse
de Thomas Guénolé

critiqué par Colen8, le 21 janvier 2017
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Puissante leçon de géopolitique
Le titre et l’image de couverture résument parfaitement les ravages de la mondialisation. Simple constat, la planète Terre est devenue un village par les modes de vie qui s’uniformisent et tant d’autres facteurs avec eux : communications, transports, mobilité, images, information, sciences, divertissements. Par un effet de balancier initié dès les années 70’s, renforcé par le libéralisme anglo-saxon Reagan/Thatcher dans la décennie suivante, la mondialisation est allée trop loin au profit d’un seul pourcent (1%) d’ultra-riches devenus prédateurs qui se sont hissés au sommet de la pyramide sociale au détriment au moins de la moitié du reste du monde. Les successions de crises financières systémiques (1987, 1997, 2003, 2007-2008) mettent à mal des millions de pauvres gens. L’incurie des gouvernants, au mieux leur inertie, au pire leur corruption en laissent présager d’autres à brève échéance. Dès les premières lignes on sent une analyse cohérente, complète, concise, précise, illustrée de dizaines de graphiques et de tableaux. Chaque chapitre consacré à un thème particulier est indépendant. Le tout forme un argumentaire documenté sur les dangers extrêmes de la mondialisation que les pays nantis considèrent avec un détachement d’autant plus relatif que leurs propres oligarques sont à la manœuvre.
Les intellectuels en prennent pour leur grade, entre ceux qui ne comprennent pas, ceux qui préfèrent détourner le regard, ceux qui rêvent d’un monde meilleur advenant d’un claquement de doigt, ceux qui sont dans le système pour en faire l’apologie. Les économistes ne sont pas mieux lotis, eux qui ayant été formés dans les mêmes prestigieuses universités et écoles supérieures que les oligarques du pouvoir économique, vont colporter haut et fort la bonne parole qu’ « il n’y a pas d’alternative » faisant tout pour éviter de scier leur branche en continuant d’adhérer servilement aux thèses de leurs « patrons » dominants.
Si, il y a des alternatives pour rendre l’économie-monde plus équitable, il y a des moyens pour l’infléchir collectivement par incréments plutôt que d’attendre des réformes d’un bloc qui aboutiraient à ne rien réformer. Certes l’intégrité de tout un chacun, pour ne pas dire simplement l’honnêteté, serait de ne pas se dérober au devoir de l’impôt en se réfugiant dans les paradis fiscaux. Certes il y a des mesures pour stabiliser les Etats menacés de faillite sans les étrangler par ce qu’il est convenu d’appeler « politiques d’ajustement structurel ». Certes on doit réguler les institutions financières et leurs folles spéculations qui siphonnent sans vergogne au détriment des producteurs une richesse à la création de laquelle ils n’ont aucunement participé.
En fait Thomas Guénolé appelle de ses vœux un changement de système sous l’égide d’une grande puissance qui ferait école comme a pu le faire la Révolution Française. C’est ni plus ni moins un véritable programme politique qu’il propose.