We are the 90's
de Collectif

critiqué par Blue Boy, le 16 janvier 2017
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Génération coton
Ado, vous avez adoré danser sur les tubes des années 90 ? Cette BD est faite pour vous. Vingt auteurs de BD racontent une anecdote associée à une chanson qui les a marqués dans les années 90. Cela donne un ouvrage générationnel aux références hétérogènes, de la variété française (Pascal Obispo) au grunge (Silverchair), en passant par le rock (Gun’s N’Roses, Queen), la pop (Supergrass, Oasis), le rap (NTM, Alliance Ethnik) ou les Boys Band (Worlds Apart). Une compilation qui devrait réveiller la fibre nostalgique des teenagers de l’époque.

Les ouvrages collectifs au goût de madeleine de Proust sont souvent un moyen pour les maisons d’édition de doper leurs ventes. De même, cela représente pour les auteurs y participant une manière de se faire connaître à peu de frais. Il faudra alors qu’ils mettent tout le paquet pour qu’on se rappelle d’eux, car souvent l’histoire est trop courte pour marquer réellement les esprits des lecteurs. Souvent ce type de production, dont la vocation peu avouable est davantage mercantile qu’artistique, est inégale et rejoint après quelques semaines les bacs à soldes des libraires.

Dans le cas de « We are the 90’s », l’unité est à chercher uniquement du côté graphique, car comme précisé plus haut, les références musicales y sont assez hétérogènes. Tous les auteurs font partie de la même génération et possèdent une sorte de patte « bloguesque », leur dessin étant caractérisé par un minimalisme plus ou moins marqué, dû peut-être à la rapidité d’exécution requise pour une diffusion en ligne. Cet esprit nineties est quant à lui très en phase avec son époque. Moins virulentes que la décennie précédente, les « eighties », qui prônaient un certain kitch cafardeux aux relents punks, se refermaient par la chute du Mur de Berlin. Les années 90 avaient le champ libre ! Gloire au pognon, à l’individualisme et à la « positive attitude »… avec un peu d’ « esprit Canal » tout de même ! Plus que jamais, les ados de l’époque revendiquaient sans complexe leur amour de la télé, de la pub et des marques. Mais comme ils n’étaient pas complètement idiots, ils n’oubliaient pas de faire preuve d’autodérision…

Il faut bien le dire, l’objet dégage quelque chose de très frais, ou devrais-je dire « fresh » ! On sourit plus qu’on ne rit (à ce titre, mention spéciale à l’anecdote sur Francky Vincent, particulièrement drôle), on porte un regard empreint de tendresse vis-à-vis des premières amours décrites. Outre les tubes de l’époque, on y parle de fringues, de pubs, de jeux vidéo, de films et de séries diffusées sur une télévision française qui ne comptait alors que 6 chaînes ! On y trouve quelques « private jokes » et d’autres allusions qui demandent une solide connaissance télévisuelle, lesquelles échapperont peut-être à ceux qui n’étaient déjà plus ados dans ces années-là. Mais ces derniers auront avec cet ouvrage le loisir de parfaire leur compréhension des leurs cadets « passés de l’autre côté du mur ». L’ensemble est loin d’être indispensable mais reste divertissant, et inutile de le préciser, constitue une bonne idée cadeau…