Jésus
de François Taillandier

critiqué par Guigomas, le 9 janvier 2017
(Valenciennes - 55 ans)


La note:  étoiles
Et pour vous, qui suis-je ?
Bonne idée de l’éditeur Perrin d’avoir demandé à François Taillandier d’écrire un livre sur le Jésus des Evangiles. Taillandier, c’est l’écrivain du récit, de la manière dont il reflète et transforme une réalité ; les titres de ses romans sont évocateurs : Telling, l’Ecriture du monde… Or, quels récits ont plus bouleversé la réalité que les quatre Evangiles ? Taillandier, outre qu’il est écrivain, est également catholique.

Il écarte les apocryphes, et s’en explique en introduction. De même, il part du principe que ce qui est relaté dans les Evangiles correspond à ce qui se disait à l’époque, au récit qui circulait alors. Nul ne connait précisément les faits et gestes de Jésus, ni les paroles qu’il a dites, mais les évangélistes ont retranscrit ce qu’on en disait alors et il n’y a pas de raison qu’ils ne l’aient fait de bonne foi.

Cette relecture n’apporte pas de révélation fracassante ni n’alimentera les polémiques à la mode sur les prétendus frères, sœurs, épouses et descendants de Jésus. Mais, en s’affranchissant autant que possible de « l’habitude chrétienne », Taillandier nous donne à redécouvrir un homme « grave, parfois ombrageux » et ce que son comportement et son message ont pu avoir de choquant, d’arrogant même, dans un pays occupé où le respect de la Tradition constituait pour le peuple Juif le moyen de faire vivre sa spécificité.

Un Jésus ombrageux, aux paroles insensées dont il ne semblait guère se préoccuper de savoir si elles seraient notées ou retranscrites, enjoignant d’aller enseigner toutes les nations alors qu’il n’avait lui-même couvert qu’un minuscule territoire, tantôt guérissant, tantôt maudissant… Il semble avoir tout fait pour qu’on l’oublie vite ! Et pourtant, dans l’histoire, il y a un avant et un après.

S’il se cantonne à raison aux quatre Evangiles, Taillandier en fait une lecture minutieuse et remonte au texte grec pour retrouver le sens des mots et on découvre que leur signification a évolué au fil du temps. Il fait une lecture critique, contextuelle et n’hésite pas à se poser des questions pour, au final, nous livrer un Jésus « décapé ».