Je, François Villon T03: Je crie à toutes gens merci
de Jean Teulé, Luigi Critone (Scénario et dessin)

critiqué par Vince92, le 21 février 2019
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
La déchéance et l'exil
Désormais un poète reconnu et soutenu par les puissants de son temps, François Villon n’en demeure pas moins un esprit libre, traversé par le désir de la provocation et de la débauche.
Alors qu’il échoue à rester au service de René d’Anjou, il erre jusqu’à tomber entre les mains de Thibault d’Aussigny, évêque d’Orléans. Passé à la question, Villon ne doit son salut qu’à l’intervention opportune de Louis XI. Revenu à Paris, les circonstances ne sont pas plus favorables à celui qui apparaît de plus en plus en plus comme un poète maudit. Impliqué malgré lui dans une rixe au sortir d’un souper avec des amis, il est de nouveau ä deux doigts d’être pendu. Seul son talent le sauve de la potence mais il ne le sauvera pas de l’exil… l’album et la série se terminent d’ailleurs sur le poète quittant la ville: on ne dispose plus de texte de François Villon à partir de ce moment. Agé de trente ans, prématurément vieilli et usé par les épreuves et une vie dissolue, le poète n’a vraisemblablement pas survécu longtemps à son exil forcé.
Ce troisième album, album clôturant la série, est un ton en dessous des deux précédents, il ne s’y passe pas grand’chose, les planches sont ponctuées des textes de François Villon auxquels je ne suis pas sensible (car je n’y comprends goutte). Il a le mérite cependant de jeter un éclairage sur la fin de vie de Villon, poète déclassé, de familier des puissants au paria le plus misérable. Célèbre en son temps, sa renommée a traversé les siècles jusqu’à nous. Etrange destin que celui d’un gibier de potence qui rime, qui aurait cent fois dû être pendu à une époque qui semble-t-il ne ménageait pas les coupables de son espèce mais qui a dû son salut au fait qu’il maniait la langue avec talent.
Globalement, la série est agréable, le dessin est très honnête et le scenario de Luigi Critone semble suivre fidèlement l’ouvrage de Jean Teulé, qui lui-même s’inspire des éléments biographiques dont on dispose.