La Faim
de Knut Hamsun

critiqué par V4nco, le 7 avril 2004
(Mouscron - 44 ans)


La note:  étoiles
L'Ami Knut
Après avoir tenté un Goncourt avec "La Condition Humaine" d'André Malraux (complètement imbuvable), je suis passé au prix Nobel de littérature avec "La Faim" de Knut Hamsun.

L'ami Knut nous confie dans un roman autobiographique la longue et lente décrépitude physique et psychologique d'un homme qui a faim... Rien de bien attrayant me direz-vous, ce à quoi je vous répondrai qu'il s'agit là d'un trait commun à la "grande littérature"...... Des "grands auteurs" qui traitent de "grands sujets" bien barbants..... Sartre n'a t-il jamais eu envie d'écrire sur le football? Mais, bien souvent, quand on fait l'effort de parcourir les 100 premières pages de l'un des grands classiques... on est rarement déçu (oubliez tout de même André Malraux). Bref, une fois les premiers chapitres lus , Knut nous emmène dans un voyage au plus profond de l'âme humaine, dans un combat que tous nous menons un jour où l'autre , le combat que nous menons contre nous-mêmes. Jeté à la rue, sans le sou, et sans emploi, avec le monde entier comme adversaire, le héros trouve un ennemi encore plus redoutable: lui-même. La faim le soumettant à des crises de joie , de larmes et de folies exacerbées, des états psychiques inconnus de l'homme en bonne santé.

Tout cela mérite-t-il un prix Nobel? "La faim est-il un grand livre? Mais qu'est-ce qu'un grand livre? J'ai lu des livres avec beaucoup plus de plaisir que celui-là, et même j'avoue lire un San Antonio, un Forsyth , ou un Jack Higgins avec bien plus de jubilation. Cependant, ce qui fait peut-être un grand livre c'est la trace indélébile qu'il laisse dans l'esprit, dans les opinions, dans les idées de celui qui le lit , et dans ce sens , je mettrais "La Faim" dans la lignée de "1984", des "Raisins de la Colère", etc..... Lisez-le!
Un brin déprimant quand même 8 étoiles

À Christiania (Oslo), le jeune Knut peine à vivre des gains de rares articles donnés à un journal local. Il a bien essayé de se faire engager chez les pompiers, mais il a été rejeté, car il portait des lunettes. Ses habits sont si sales et si misérables qu’il n’ose plus se présenter pour une place « convenable ». Il n’a même pas de quoi s’acheter un livre pour tromper son ennui. Et le pire, c’est que la faim le tenaille en permanence. Pour la calmer malgré tout, il en est réduit à mâcher des copeaux de bois. Et les rares fois où une bonne âme lui donne quelque chose à manger, son estomac rétréci le rejette systématiquement. Il tente d’obtenir un peu d’argent du Mont de piété en mettant en gage ses lunettes, une couverture prêtée par un ami et même les cinq boutons de sa redingote, mais le préposé les refuse. Et comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, se retrouvant sans toit, il est arrêté par la police et passe une nuit au poste, les articles dont il espérait beaucoup sont rejetés par son rédacteur en chef et il est renversé par la charrette du boulanger qui lui écrase le pied…
« La faim » est une autobiographie ou une autofiction assez émouvante et qui sent bien son vécu. Par petites touches assez impressionnistes, l’auteur nous fait partager le quotidien aussi glauque que pénible d’un jeune écrivain en voie de clochardisation. Pas d’intrigue à proprement parler, pas de développement romanesque. Même la rencontre de la belle inconnue reste du domaine de l’évanescence, presque de l’onirisme. Même chose pour la fin avec l’embarquement sur un navire russe. Hamsun se fait engager sur sa bonne mine alors qu’il ne connait strictement rien aux choses de la mer. Le capitaine le prend à l’essai en se réservant le droit de le débarquer en Angleterre s’il n’est pas à la hauteur de la tache. Le lecteur restera lui aussi sur sa faim, car il ne saura jamais si l’auteur a fini par s’en sortir. Il comprendra que l’auteur ne voulait pas lâcher son thème central, la faim et surtout l’échec qu’il attire comme l’aimant le fait de la limaille, car il est à la fois trop naïf, trop honnête et trop généreux. Il va donner son gilet à un miséreux, un gâteau à un gamin de la rue et un billet de dix couronnes qui aurait pu l’aider pour un bon moment à une pâtissière peu avenante. Cette « Faim » aurait aussi pu s’appeler « La poisse » ! Lecture un brin déprimante quand même…

CC.RIDER - - 66 ans - 23 mai 2023


Insoutenable ! 8 étoiles

Une œuvre particulièrement difficile à lire qui décrit le dénuement complet de l'auteur car ce texte est autobiographique.
Se retrouver sans abri à errer le ventre vide, sujet à des hallucinations et douleurs atroces dues à la faim. A tel point qu'il devient impossible de s'alimenter. Le corps et l'esprit se fanent mais l'auteur garde une morale qui l'honore.
Ce cauchemar, Knut Hamsun, celui qui a obtenu un Nobel de littérature, l'a vécu et le narre avec une précision mathématique.
Un roman dur, presque effrayant, qui met le lecteur dans un malaise tout au long du parcours.
L'honneur dont la fierté ont probablement le "va-tout" de cette situation désespérée

il faudra qu'il s'expatrie aux Etats-Unis pour connaître le succès.
Durant la seconde guerre mondiale, il soutient ouvertement le parti nazi, ce qui lui vaut l’opprobre à la fin du conflit mais ne fut pas mis à l'index.

Monocle - tournai - 64 ans - 25 février 2023


Vous ne verrez plus jamais votre assiette de la même façon 8 étoiles

" La faim" de Knut Hamsun ( 258p)
Ed. Le livre de Poche

Bonjour les fous de lectures....

Voici un roman autobiographique lu dans le cadre du défi " je noircis mon planisphère"

Knut Hamsun est un auteur norvégien qui a reçu le prix Nobel en 1920 et qui est un des auteurs nordiques le plus lu au monde.

Le narrateur, homme de lettres ayant connu des jours meilleurs, raconte son errance dans les rues de Christiana (actuelle Oslo).
Son but journalier: trouver quelques pièces qui lui permettront d'acheter un peu de nourriture et de survivre un jour de plus.
Peu de ses articles sont acceptés par les journaux locaux.
Il se voit mis à la porte de la pension misérable qu'il occupe.
Commence une descente aux enfers où la vie est de plus en plus précaire.
La faim de plus en plus présente affaiblit ses pensées. Il délire de plus en plus.
Lors de ses multiples errances, tour à tour, il se souvient, il sombre, il espère. Il passe de la joie au désespoir, de la colère à l'abattement.
Sous une coque de respectabilité, la déchéance mentale et physique guette.
L'autodestruction est en place.

Portrait d'un homme au bout du rouleau dans la solitude des grandes villes où on ne trouve personne vers qui se tourner pour trouver un peu de réconfort et d'espoir.
Cette situation, l'auteur l'a bien connue avant d'en être délivré par l'arrivée du succès.

Bien que répétitif, ce récit n'est pas pour autant lassant et n'a rien perdu de son actualité dans la jungle de nos mégapoles.

Histoire digne de celles de Kafka, je la recommande vivement.
Vous ne verrez plus jamais votre assiette de la même façon.

Faby de Caparica - - 62 ans - 4 mai 2020


Etude d’un cas limite 8 étoiles

Le narrateur de ce récit nous raconte par le détail six mois de sa vie d’errance sociale, physique et psychologique dans Christiana (ancienne Oslo) à la fin du XIX e siècle. Ecrivain-journaliste, il a l’habitude de soumettre sa production aux divers journaux de la ville qui parfois publient ses textes ; dans ces cas-là, il peut alors s’offrir la nourriture qui lui permet de continuer d’exister. En définitive, toute la vie de ce personnage tourne autour de ces deux exigences : se nourrir et s’abriter. La faim qui le tenaille souvent lui fait perdre sa capacité de discernement et dans sa quête visant à trouver un morceau de pain ou une autre pitance, son cerveau ne parvient parfois plus à produire les analyses qui lui permettraient de se sortir de cette situation tragique.
Ajoutons à cela que le personnage réagit selon des principes qui ne conviennent pas à sa condition de sans-abri et l’on comprend que l’on est en présence d’un homme au bord de la folie, enfermé dans une logique de soumission. Soumis aux convenances imposées par une société cupide et égoïste (les personnages du prêteur sur gage, bien sûr, de la logeuse, du patron ne font pas un geste), le narrateur sombre toujours plus bas jusqu’à renier ses propres principes. De fait, c’est un homme brisé par la misère, à qui l’on refuse toute affection, la femme qu’il rencontre et qui est amoureuse de lui se détournera bientôt de cet olibrius bien trop différent. En définitive, seule la fuite lui permettra d’échapper à cet univers cloisonné dans lequel il n’est que le gueux, le rebut, le parasite social.

Ce livre décrit de façon très intéressante quels sont les ressorts psychologique d’un marginal, d’une personne qui s’est auto-exclue de la société... Orgueilleux à l’extrême, le narrateur dont on devine qu’il partage largement les traits de l’auteur, rejette en effet toutes les possibilités de se réintégrer, de faire partie du monde . Prêt à tous les sacrifices, jusqu’à vendre les boutons de sa jaquette mais prêt aussi à jeter à la figure de sa logeuse, dans un geste d’un mépris hautain, les dix couronnes qui lui parviennent presque par miracle. L’on sent bien que l’argent n’est en définitive pas le véritable problème du narrateur, il pourrait être millionnaire, la rupture d’avec le reste de ce qui fait société est désormais consommée : il ne fait plus partie de ce système et sa marginalisation, si elle n’est pas consciente n’en est tout de même pas moins voulue. Le problème véritable du narrateur est son long glissement vers la folie pure : comment peut-on appeler autrement un phénomène qui conduit un homme à s’infliger volontairement les souffrances dont le récit est émaillé ?
La faim est un livre multiple, le récit d’une longue dérive, une étude psychologique d’un individu décidé à rompre avec l’ordonnancement calculé d’une réalité sociale décevante. L’autopsie d’un esprit dérangé qui connaît de rares instants de sursauts... une sorte de miroir pour le lecteur qui ne peut s’empêcher de se projeter dans l’histoire de ce narrateur et imaginer ce qui pourrait advenir de sa personne si d’aventure son inconscient lui dictait de reprendre sa liberté de la gangue sociale dont nous sommes tous prisonniers.

Vince92 - Zürich - 46 ans - 14 juin 2016


Autodestruction... 10 étoiles

A plus de 30 ans, en 1890, Knut Hamsun (Alias Knut Pedersen) publie son premier opus : « La Faim ».
Ce travail que la vie même de l'auteur permet de penser très largement autobiographique décrit l'errance de son narrateur dans les rues de Kristiania - en fait Oslo - avant qu'il n'embarque sur un bateau et ne quitte la Norvège pour l'Amérique.

On découvre un personnage, vivant de petits articles dans les journaux, jusqu'à ce que les commandes viennent à manquer.
Il découvrira alors, sans le sou et sans toit, l'âpreté des rues pluvieuses de Kristiana, les nuits humiliantes passées dehors et celles non moins humiliantes mais néanmoins réparatrices au poste de Police… Mais plus qu'à toute autre déchéance, il fera l'expérience de La Faim qui le conduira à sucer un morceau de bois ou un os quémandé chez le boucher…
La Faim qui le mène à la destruction physique et à la folie…

On peu cependant se poser la question : n'y a-t-il pas plus ou moins consentement de sa part à cette situation qu'à plusieurs reprises il peut briser, tout au moins temporairement : comme une autodestruction ?... On peut le croire quand on le voit donner cinq Couronnes à un mendiant, qu'on vient de lui rendre par erreur, au prétexte de l'honnêteté à retrouver… ou de sa dignité elle aussi à retrouver quand il jette ses dix dernières Couronnes au visage de sa logeuse qui vient de l'expulser…
Selon l'expression consacrée en pareil cas : un livre dont on ne sort pas indemne et que, pour ma part, j'élève au même niveau que les meilleurs Zweig.

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 68 ans - 28 juin 2012


Clinique 7 étoiles

Ce roman très particulier laisse comme un goût amer en bouche après lecture, mais également la certitude qu’il ne se laissera pas oublier de sitôt. Un roman étrange qui n’a aucune intrigue précise, puisque son unique sujet en est la faim qui torture jour après jour le malheureux héros de cette histoire, écrivain qui tente de survivre grâce aux quelques malheureuses piges que le rédacteur en chef du journal local veut bien accepter.

L’argent qu’il reçoit alors lui permet de se nourrir et de se loger, mais cela ne dure jamais bien longtemps et l’errance et la disette forment à nouveau son quotidien. Alors la faim le dévore, ainsi que les troubles physiques et intellectuels qu’elle provoque. Cette faim qui l’affaiblit petit à petit, mais qui ne semble jamais porter atteinte à sa fierté et à son honnêteté, qui demeurent intactes malgré toutes les diversités. Une fierté teintée d’orgueil, qui le pousse parfois à refuser l’aumône qui pourrait le sauver. Une honnêteté qui l’oblige à donner le peu d’argent dont il dispose, parce que cet argent lui semble mal acquis.

Cette description de la faim qui torture est quasiment clinique, au point parfois de ne pas ressembler à une œuvre littéraire (les moments où cet homme décrit son incapacité à garder quelque nourriture que ce soit dans l’estomac sont propres à soulever celui du lecteur). Nul doute alors que cette œuvre est autobiographique, et que l’auteur a lui-même connu la faim pour en parler avec une telle acuité.

D’où la force et le poids de ce récit. Un poids qui pèse sur le lecteur qui sort de ce livre en état de gravité. Mais qui en sort avec la certitude d’avoir lu un roman important.

Aliénor - - 56 ans - 4 septembre 2009


Quel livre intéressant ! 9 étoiles

Ecrit par un personnage sombre, qualifié de nazi, ayant quand même offert son prix Nobel de littérature à Goebels !

J'y vois un parallèle avec un livre que j'ai lu il y a peu de temps : Martin Eden de Jack London. La différence résidant dans le fait qu'ici, le héros orgueilleux se centre sur lui même, il parle peu des autres et de son envie de réussir. Pour lui, la littérature est à la fois une grande oeuvre, et un moyen de se procurer de l'argent, de ne pas mourir de faim. Il finit par fuir le monde en bateau, démarche inverse à celle de Martin Eden qui ne peut plus fuir (géographiquement) et est obligé de faire face à la société et à ses contradictions. J'ai lu sur ce site que Martin Eden est un livre antinitzschéen, Nietzsche dont la philosophie a été par la suite dévoyée par les nazis...

Mais recentrons nous. Je suis heureux d'avoir lu dans les précédentes critiques une note sur les personnages de Dostoïevski. En effet, on retrouve dans le personnage de Hamsun ces longues errances fiévreuses, parfois inspiratrices, dérangeantes.

L'écriture ici est sublime. On ne peut s'empêcher de frémir pour ce héros peut-être illogique mais auquel je n'ai pas eu de mal à m'attacher, sinon à m'identifier. La description de la faim et des états d'âme du héros semble un moment tomber dans la répétition mais le génie de l'auteur fait que tout est à nouveau repoussé, grâce à une femme notamment, alors qu'on ne l'attend pas.

Un livre à conseiller à tous !

Vivien - - 41 ans - 18 mars 2009


La faim à la folie 6 étoiles

Le narrateur est un personnage type de la littérature du XIXème, le jeune dévoré de la soif d'écrire et vivant dans la misère faute d’arriver à en vivre (et faute de prendre un autre métier). Il vit dans la misère au point de souffrir de façon chronique de la faim, une faim dévorante, épuisante, qui détruit sa santé, épuise son imagination, fait vaciller sa raison. Pathétique, il cherche à garder sa dignité, son honnêteté, ne cédant que progressivement et lourd de remords à de petites indélicatesses. Cette déchéance oppressante est largement autobiographique, jusque dans l’embarquement final sur un navire. Elle va bien au-delà des personnages comparables qu’ont campés Balzac, Zola ou Maupassant et se trouve aggravée par l’atmosphère sombre, froide et humide de la Norvège.

En dépit de l’intensité du récit, d’une langue complexe et imagée, je n’ai pas aimé ce roman car l’irresponsabilité, les impulsions irrationnelles, les crises de colère gratuites du héro, dont la raison paraît bien fragile même en dehors de ses crises d’inanition, me l’ont rendu antipathique. Lâche, mythomane, illuminé, on a envie de lui donner une paire de claques, de le placer comme comptable chez un boutiquier (poste qu’il rate bêtement dans la première partie) et de lui confisquer son argent pour le gérer à sa place. Je suis allé jusqu’au bout de la lecture en me forçant, et n’ai recommencé à respirer qu’après avoir fait embarquer cet encombrant compagnon.

Romur - Viroflay - 50 ans - 10 juillet 2008


À la limite du supportable 7 étoiles

Un livre sur la misère.

Au début, j’étais peu attachée au personnage principal. Je le trouve antipathique. Il est mythomane et malfaisant. Des aspects qui ont tendance à s’accentuer avec la pauvreté, la faim et le froid. Mais j’ai fini par avoir pitié de lui, même avec tous ses défauts.

Pour ce qui est du style littéraire, on ne nous laisse pas le temps de respirer. C’est une course. Toujours essayer de trouver une façon de faire un peu d’argent ou d’écrire quelques pages. Un récit raconté à la première personne du singulier, on a l’impression de le voir à nu.

Durant la lecture, je me posais cette question: Est-ce qu’il ne veut pas mendier (il est orgueilleux) ou il n’y avait pas de sécurité sociale dans son pays à cette époque? En tout cas, c’est un livre hyper déprimant.

Nance - - - ans - 13 janvier 2008


Le corps 6 étoiles

Knut Hamsun utilise son corps comme territoire expérimental. Gide que je n'apprécie guère, par ailleurs, a bien eu raison de dire que son histoire relève plus du cas clinique que du roman. C'est l'histoire d'une "mise en schizophrénie".
Intéressant à lire mais à ne pas donner à lire à un ou une anorexique...

Maria-rosa - Liège - 68 ans - 22 août 2005


au bout de soi même 9 étoiles

Pour Gide, cet ouvrage de Knut Hamsun relève plus du cas clinique que du roman. Si d’un point de vue clinicien ce roman permet de voir les conséquences d’une inanition prolongée sur le corps et l’âme d’un homme, d’un point de vue humain, ce roman est la quête éperdue d’un homme.
Au fil de nombreuses pages, récurrentes, sont les conséquences du manque de nourriture pour cet homme qui peine à trouver sa place, entre une inspiration aléatoire et des besoins physiques réguliers. Les descriptions sur les conséquences physiologiques et neurologiques de la faim sont impressionnantes, de vérité et de cruauté. Se nourrir de copeaux de bois reste un moment désarmant.

Ce qui fonde plus intensément et plus profondément l’attachement que suscite ce roman est la recherche de l’inspiration durable, celle de la voie d’une expression apaisée.
C’est aussi le parcours dans la misère, d’un homme décalé, que d’aucuns qualifieraient de fou et qui voudrait juste être, avec les autres, parmi eux. Avec et contre eux, voilà comment se caractérise le comportement social du héros. Prêt à « donner sa chemise » à plus pauvre que lui alors qu’il souffre de la faim, le héros est aussi capable des sorties les plus étonnantes, parfois agressives à l’encontre de tel ou tel qui croise son chemin…

« Dans le fjord je me redressai un moment, moite de fièvre et d’épuisement, je regardai du côté de la terre et dis adieu pour cette fois à la ville, ce Christiana où brillaient avec tant d’éclat les fenêtres de toutes ces demeures, tous ces foyers. »

Tous ceux qui ont croisé le chemin du héros sont ici, dans cette phrase conclusive. Ainsi ce roman va bien au-delà du cas clinique de Gide. Il est l’expression sombre d’un monde dur où l’originalité est un vilain défaut et qui fait vibrer en nous cette part de folie, parfois morbide, que l’on dissimule.

Monito - - 51 ans - 22 août 2005


Chef -d'oeuvre 10 étoiles

Je termine la lecture de ce livre : « la faim » de Knut Hamsun. Chef d’œuvre !
La profondeur psychologique du personnage principal déambulant dans les rues d’une ville, le ventre vide, n’est pas sans rappeler celle de Raskolnikov le célèbre héros de crimes et châtiments de Dostoïevski. L’œuvre est en partie autobiographique. Que d’émotions en parcourant les premières pages de ce merveilleux livre, avec chaque fois l’impression étrange d’être à la limite d’une frontière entre la raison et la folie qu’induit peut à peu le manque de nourriture. Un ouvrage bouleversant, magique que je vous recommande chaudement.

Sirmiller - - 60 ans - 31 mai 2005


Faim pas la faim 10 étoiles

C'est désespérant ce livre tellement il te reste sur l'estomac.
Il fait partie des livres inoubliables d'une vie tel "le voyage au bout de la nuit" de Céline, ou la coalition d'Emmanuel Bove .
Des livres qui nous font vraiment réfléchir sur cette condition d'humain qui n'a plus qu'à se laisser descendre dans la rue et dans la vie avec sa faim jouissive parfois mais souvent amère.
On a mal au ventre à la fin de ce livre faim de beaucoup de choses matérielles & spirituelles. Mais le vrai titre n'est pas "La Faim" mais "FAIM" qui me semble plus explicite.

Pereperot - PLOERMEL - 71 ans - 26 mars 2005


L'ultime et l'exaltation 10 étoiles

Autant dans le fond que dans la forme, ce livre est un chef d’œuvre. Son écriture assez singulière au niveau des dialogues nous centre sur le personnage principal et nous détache en quelque sorte de ses interlocuteurs, crée une distance avec le monde extérieur. Cela renforce l’atmosphère de décalage autour de l’attitude du jeune homme, ex étudiant qui propose aux journaux des articles qu’il écrit pour gagner sa vie. C’est un être sensible et exalté ; il se crée une résistance mentale contre la misère et la faim où il a sombré peu à peu, le menant à des élucubrations insensées et farfelues, des actions incompréhensibles et étonnantes pour le monde extérieur mais complètement justifiée pour lui… Car sa grande particularité, c’est un curieux orgueil et une honnêteté poussée à l’extrême, mais cependant flexible et plutôt contradictoire, dont il semble vouloir convaincre le monde. Complètement seul, son esprit imaginatif en ébullition et affamé le pousse à analyser jusqu’à la souffrance le moindre détail qui capte son intérêt ; il passe d’un désespoir violent à une joie communicative en un rien de temps; le moindre événement le bouleverse profondément … certains passages sont à la fois à mourir de rire et bouleversants, comme les situations dans lesquelles ils se met ; le tragique côtoie le comique comme dans la vie en fait, selon le regard qu’on pose sur les choses. Cependant on se demande s’il ne se complait pas un peu dans ses situations tourmentées qui mouvementent sa vie, au point de ne plus supporter la moindre nourriture ; s’il ne préfère pas les affres psychologiques par lesquelles il passe plutôt que la quiétude du corps repu, comme s’il se privait pour ne pas subir de monotonie. Mais ce n’est pas un roman dur, car on ressent surtout le côté comique de la situation ; et l’histoire se termine sur une ouverture pleine d’espoir.
C’est une réflexion sur la misère, mais surtout sur la solitude, sur la marginalité et la différence d’un homme qui se détache peu à peu de la réalité.

Pohjola - - 40 ans - 4 décembre 2004


Dur...très dur 8 étoiles

Il m'a été pénible de passer au travers de ce livre que j'avais à lire pour un cours l'hiver passé. Psychologiquement très chargé, il décrit la pauvreté et la faim avec une vue intérieure du sujet qui donne des sueurs froides.

Un livre qui fait ouvrir les yeux sur des réalités trop présentes, pas très agréable à lire, mais une oeuvre nécessaire.

FightingIntellectual - Montréal - 41 ans - 24 octobre 2004


Malheureusement... 7 étoiles

On meurt encore de faim dans de nombreux pays et aussi dans ceux auxquels on ne pense pas...

J'ai beaucoup aimé ce livre aussi malgré qu'il soit en effet très dur. L'auteur tente de voir jusqu'où il pourra aller dans le dénuement et la faim. Il se teste... Le style est aussi dur que l'histoire racontée. Mais Hamsun était lui-même un homme assez dur ! Je n'irais cependant pas jusqu'à lui donner 4,5 étoiles...

Jules - Bruxelles - 79 ans - 24 octobre 2004


Héros...ou cas clinique ? 9 étoiles

Fils de paysan pauvre, l'auteur n'eut d'autre éducation que celle qu'il se donna lui-même. Il exercera plus de vingt métiers pour survivre, avant de se consacrer à la littérature et d'obtenir le prix Nobel en 1920.
Convaincu de sympathie pour le nazisme parce que sa critique de la société débouchera sur une sorte d'anti-démocratisme, il fut jugé dans son pays après la seconde guerre mondiale, dépouillé de ses biens et de ses titres et interné dans un asile psychiatrique.
Il mourut en 1952 à l'âge de 92 ans.

Oslo, Norvège, vers la fin du 19 ° siècle.
L'histoire est celle d'un jeune homme pauvre, mi journaliste mi écrivain, englué dans une misère qui ne le lâche pas. Il souffre de la faim d'abord, et du froid ensuite.
Malgré tout il reste honnête,fier, et refuse la mendicité.
Déjà enclin naturellement à des sautes d'humeur extrêmes, la faim accentue ses délires.
Le récit est largement auto-biographique.
.
J'ai trouvé cet ouvrage très intéressant, mais il n'est pas d'une lecture facile.
L'ensemble est sombre, il n'est pas très agréable de se plonger dans la misère, même s'il s'agit de celle des autres!
Il y a une centaine d'années on mourrait encore de faim dans presque tous les pays du monde!
En bref: une lecture intéressante mais pas très joyeuse.

Léonce_laplanche - Périgueux - 87 ans - 23 octobre 2004