Le second Empire
de Pierre Miquel

critiqué par Veneziano, le 11 décembre 2016
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
L'analyse d'une époque-charnière
Le Second Empire représente une époque-charnière entre les dernières crispations des régimes autoritaires et révoltes du XIXème siècle, d'une part, et le long cheminement vers la démocratie et le bien-être. Cet historien éminent analyse, par une suite de chapitres thématiques, qui suivent peu ou prou la chronologie, les avancées et les échecs de ce régime. La Révolution industrielle, le réaménagement urbain de Paris, les interrogations sur les avancées sanitaires et sociales, les aléas et interrogations politiques, toujours aussi animés et virulents, parsèment ce parcours d'une dizaine d'années, qui apparaît plus comme une transition et la source des compromis à venir.

Ce livre, certes de poche, s'avère néanmoins riche en explications et illustrations. A sa lecture, il est donnée l'impression de sortir de cette époque et d'en maîtriser les enjeux, tenants et aboutissants. Le ton est vivant et donne envie d'approfondir. Il m'est donc apparu utile.
La marche de l'empereur 8 étoiles

La révolution de 1848 se termine dans un bain de sang. Le 20 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte devient le premier président de la république française pour une période de quatre ans, c’est aussi le premier vote au suffrage universel " masculin ". Victor Hugo se réjouit de la victoire du neveu de Napoléon I, mais cela sera de courte durée. La fin de son mandat approchant, Louis Napoléon Bonaparte souhaite ardemment conserver le pouvoir. Le 2 décembre 1851, il déclenche un coup d'état qu'il veut propre. Raté, la résistance républicaine dresse des barricades, la bataille s'engage, plusieurs centaines de citoyens répandent leur sang sur les pavés, en vain.

Une terrible répression s'ensuit contre les républicains dans tout le pays. Soucieux d'asseoir sa légitimité, Louis Napoléon Bonaparte convoque les électeurs aux urnes, pour convaincre les honnêtes citoyens. Il instrumentalise la peur des "rouges" prêt, selon lui, à répandre le chaos. Et ça marche, 91% des électeurs plébiscitent Louis Napoléon Bonaparte pour qu'il conduise la destinée de la France, et il ne va pas s'en priver.

Les premières mesures prises par lui donnent le ton, censure de la presse, interdiction de réunion, mise en place d'un système policier chargé de la surveillance de tout et de tous. Très attaché au souvenir de son illustre oncle, il se fait proclamer empereur des français le 2 décembre 1852. Victor Hugo ne décolère pas contre ce neveu falot, il doit s'enfuir. Depuis sa résidence d'exilé volontaire à Guernesey, il ne cessera de pourfendre de sa plume assassine Napoléon le Petit.

Soutenu par le monde de la finance et les industriels (trop contents de s'être vu débarrasser des trublions "rouges"), Napoléon, désormais 3ème du nom, entreprend d'immenses travaux à travers toute la France (creusement de canaux navigables, percements Haussmanniens à Paris, création du réseau ferré, agrandissement des ports, etc…). Parallèlement à ça, il entreprend de se répandre à travers tout le territoire français lors de grands déplacements savamment orchestrés qui ont pour objectif de consolider son autorité et de réaffirmer le credo impérial : Ordre et Progrès. Car c'est bien de cela dont il se veut le maître absolu, en dirigeant son empire en parfait dictateur dûment galonné par tous les pouvoirs qu'il s'est attribués, ne laissant personne d'autre prendre une quelconque décision à sa place.

Mais là ne s'arrête pas son ambition, Napoléon le Petit rêve en grand. Il se voit comme celui qui peut rebattre les cartes des nations européennes et pourquoi pas au delà. Dès lors, s'enclenche une série de valses diplomatiques et de guerres sanglantes (soutient militaire de la papauté contre les républicains Italiens, intervention en Crimée, expédition au Mexique, etc …) destinées à assouvir sa soif morbide de gloire et d'éternité.

Aux grandes manœuvres ambitieuses et désastreuses succède l'effritement inexorable d'un empire à bout de souffle, à l'image de son empereur perclus de douleur. La Prusse est devenue entre-temps une puissance militaire menaçante, Bismarck attend patiemment son heure de gloire, que Napoléon III lui apportera stupidement sur le plateau de Sedan.

Un ouvrage passionnant, dont j'ai offert ici un résumé plus que succinct, qui dépeint et décrypte de façon précise une période importante de l'histoire de France qui la liera inexorablement à celle de la jeune Allemagne enfantant d’un long cycle de chaos et d'horreur.

Heyrike - Eure - 57 ans - 2 janvier 2019