Les fantômes des Tuileries
de Thierry Ardisson

critiqué par Veneziano, le 24 décembre 2016
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Les histoires des dauphins sans trône
Les monarchies héréditaires soumises à changement de dynasties ou de régimes politiques créent des avatars, des événements indésirables, via de jeunes prétendants, appelés à régner et qui n'arrivent jamais sur le trône. Ce fut le cas de Louis XVII, fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, emprisonné à la Bastille où il périt, Napoléon II et IV, appelés à succéder aux deux Empereurs, Louis-Philippe II, fils du Duc d'Orléans, devenu Roi des Français, et Henri V, Comte de Chambord, petit-fils de Charles X, à l'heure où la République finit par s'installer.
Thierry Ardisson, présentateur de télévision et fêtard bien connu, dresse le portrait de ces jeunes hommes au destin tragique, frappés par les malencontreux hasard de l'histoire. Victimes d'un destin qu'ils n'ont pas cherchés, ils ont payé le tribut d'une filiation qui les appelait à régner. Ils ont tous suscité beaucoup d'admiration, voire de fantasmes, et avaient en commun d'être remarqués par leur beauté (dixit l'auteur).
Une malédiction viendrait d'un boucher emprisonné et tué, suite à la suspicion superstitieuse de Catherine de Médicis, devenu une figure maléfique venant hanter les familles royales et impériales françaises. Ce livre commence par un plaidoyer pour la monarchie constitutionnelle à la britannique, là où cette idée est injustement brocardée, du fait de l'accaparement de la question par l'extrême-droite, suite aux écrits de Maurras. Il est achevé par le portrait de l'impératrice Eugénie, à la fin de sa vie, venant se souvenir de l'endroit où elle a vécu et régné, le Palais des Tuileries, laissé à l'abandon puis détruit, de la Commune de Paris, au début de la IIIème République. Elle meurt en 1920.

Ce Palais disparu sert de film rouge à ce livre : ces fantômes viennent repeupler un site prestigieux lui-même disparu, au profit d'un jardin public.

Rien n'est affiché comme polémique ici, comme il pourrait être attendu. Le ton est un tantinet nostalgique et l'auteur s'en explique. Il est honnête dans sa démarche, expose les sources sur lesquelles il se base et invite à la réflexion sur l'histoire de France et ses institutions. Il mène donc un peu plus loin que ses lignes. Il est donc à recommander, pour se forger sa propre idée. Ces éléments forgent la patrimoine commun d'un pays, nécessaire pour construire l'avenir, selon ses convictions.
Il permet de rendre un peu plus humains les monarques qui ont régi le pays. Ils sont brossés sous un jour plus personnel que l'angle habituel du pouvoir dans lequel ils sont perçus.
rectificatif. 8 étoiles

"Ce fut le cas de Louis XVII, ..., emprisonné à la Bastille où il périt, ..."

C'est à la prison du Temple que le petit Louis XVII est mort le 8 juin 1795... il avait dix ans à peine. La Bastille n'était déjà plus qu'un tas de gravats à ce moment là, sa démolition avait commencé le... 15 juillet 1789 !
La prison du Temple fut elle rasée en 1808 sur ordre de Napoléon car elle devenait un lieu de pèlerinage pour les royalistes.

Patman - Paris - 62 ans - 21 août 2018


Histoire (avec H) méconnue à découvrir. 9 étoiles

Je ne connaissais absolument pas Ardisson dans l'exercice de l'écriture et je dois avouer que cet exercice lui va très bien. Du moins dans le cadre du récit historique.
Ce livre retrace donc l'histoire de certains personnages (peu ou prou connus) de l'histoire de France et qui auraient pus faire basculer son histoire.
Un livre est intéressant pour moi (peu importe le genre) à partir du moment où on en retient et/ou apprend quelque chose. Dans cet esprit, le livre de Thierry Ardisson a rempli tous ses objectifs en ce qui me concerne.

Usdyc - Bruxelles - 68 ans - 19 août 2018