Les petits agendas rouges
de Laurence de Cambronne

critiqué par Virginie, le 2 avril 2004
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Mere et fille
Laurence de Cambronne a ecrit un roman intimiste et emouvant, basé sur les carnets intimes de sa mère, trouvés après la mort de cette derniere.
Voici l'histoire d'amour de ses parents, un couple illegitime dans le Paris Occupé des années 40. Un retour vers le passé plein de sensibilité et d'emotion. A lire !!!
Amour, adultère, et guerre ! 5 étoiles

L’idée était alléchante mais le résultat de me réjouit pas tant que cela. A la mort de sa mère, la narratrice (l’auteur ?) retrouve 39 petits agendas dans lesquels la défunte a noté chaque jour deux trois lignes de ses faits et gestes. Pas un journal intime, non, juste des notes. C’est à partir de ces notes que l’auteur va reconstituer sa vie pendant les années de guerre, de 1939 à 1945. Sa mère était courageuse et moderne : célibataire, entretenant une relation amoureuse avec un homme marié, puis fille mère, la back street parfaite. Sur fond de guerre, c’est l’amour triomphant qui nous est décrit.
Ce que je reproche à ce livre, c’est sa superficialité : un journal reconstitué donc totalement romancé, sous formes de courtes pages, effleurant à peine l’un ou l’autre sujet : rien que du banal, de l’attendu, du léger, trop léger. Peut-être aurait-il fallu, sur ce sujet-là, oser un vrai roman, un bon gros pavé d’amour ? Ce côté extrêmement synthétique m’agace : il n’en ressort que des lieux communs, tant sur la guerre, la résistance, que sur l’amour clandestin. C’est bref, dactylographique, donc vite lu.
Si l’objectif de ce livre était davantage de garder une trace, mémoire de la mère et journal de la filiation, ou encore ouvrage thérapeutique aidant au deuil, c’est un projet différent qui ne méritait peut-être pas la qualification de roman. Bref, c’est le projet d’écriture lui-même qui me chiffonne. Le résultat en est finalement un roman facile pour lecteur non exigeant qui veut une belle histoire d’amour et pas trop de pages à lire ! Désolée d’être aussi sévère !

Laure256 - - 51 ans - 23 février 2006


Journal de guerre d'une grande amoureuse 8 étoiles

"Les petits agendas rouges" raconte l'histoire d'Emma, vingt-quatre ans, et de son amant Pierre, marié et père de famille. Lorsque la guerre éclate, leur liaison dure depuis deux ans déjà. En 40, Emma est réfugiée à Pau, et Pierre travaille à Paris en faisant régulièrement des allers-retours dans le sud. Leur amour clandestin se poursuit, à traverser la ligne de démarcation, à voyager dans des trains inconfortables, à se serrer dans les bras l'un de l'autre sous les bombardements... Pour Emma, fille de bonne famille catholique, c'est sa propre guerre, son propre acte de résistance. Dans ses premiers carnets, elle déclare carrément: "finalement cette guerre, c'est une véritable aubaine". Mais lentement, elle gagnera en lucidité et gravité, prête à affronter sa famille et le qu'en-dira-t-on. Souvent la jeune femme va douter de son amant, se sentir très malheureuse et seule, voudra rompre car jamais Pierre ne pourra quitter son foyer et divorcer. Mais son amour est si fort et lui procure une nécessité dont elle ne peut pas se dispenser.
"Les petits agendas rouges" rassemble donc le journal de la mère de la narratrice (auteur?) qui vient de décéder dans la rue. En rangeant les affaires de sa mère, elle découvre ces carnets et les ouvre. Toute l'histoire d'amour entre Emma, sa mère, et Pierre, son père, lui est décrite et racontée de la plume même de sa mère...
L'émotion est là : "elle venait de mourir, et d'un coup, comme ça, elle me livrait sa vie". L'auteur a donc rassemblé l'essentiel de l'histoire de sa mère, de la guerre d'Emma et de son grand amour pour Pierre. Son roman sonne merveilleusement juste et poignant, il nous capte du début à la fin, Emma en est l'héroïne centrale, cette "grande amoureuse" qui se réjouit d'abord de la situation avant d'en détester l'ampleur. Composé de courts chapitres qui se rapportent judicieusement au journal d'Emma, "Les petits agendas rouges" rend un bouleversant hommage d'une fille à sa mère.

Clarabel - - 48 ans - 22 avril 2004