Amun
de Michel Jean

critiqué par Libris québécis, le 2 novembre 2016
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Sauver son âme amérindienne
Amun est un mot innu qui signifie rassemblement. L’été, les Amérindiens s’installent près des rivières pour se nourrir de poissons. À la venue de l’automne, ils se réunissent pour aller installer leur campement d’hiver dans la forêt, où le gibier composera leur menu quotidien. C’était dans les mœurs de jadis. Ce recueil de nouvelles reflète la vie de ces autochtones, œuvre d’autant plus crédible que les auteurs sont tous des membres de la communauté des premières nations qui ont collaboré avec Michel Jean, un des leurs, pour offrir cette mouture qui les représente.

Destiné à ceux qui ont perdu ou qui perdent leur culture, le recueil est lui aussi une œuvre de rassemblement pour raffermir la communauté ébranlée par les autorités d’autrefois qui ont tout fait pour assimiler les Amérindiens au monde des blancs. Et encore aujourd’hui, ils doivent lutter pour sauvegarder les territoires qui les font vivre. On ne se gêne pas de les laisser en plan en détournant les rivières afin d’y construire des barrages qui serviront à pourvoir les blancs du sud en électricité.

Considérés avec dédain par la majorité d’origine européenne, ces peuples avaient besoin de ce recueil pour garder leur estime d’eux-mêmes. Chaque nouvelle vient leur raconter comment ils peuvent vivre en autochtone leur amour, leurs rêves les plus intimes dans un univers raciste. Et les auteurs souhaitent avant tout que chacun renoue avec la culture qui, jadis, l’a porté. Si les premières nations s’éloignent des mouvements fondateurs de leur communauté, elles peuvent dire adieu à une existence qui trouvait jadis son sens dans un mode de vie adapté à la nature et aux conditions qu’elles engendraient comme les déplacements saisonniers pour subvenir à leurs besoins. On n’oublie pas également de pointer les accélérateurs de leur perte comme l’alcoolisme dans lequel les blancs les ont plongés et les déracinements des enfants vers des pensionnats pour irradier leur culture.

Le recueil montre un univers menacé de disparition. Il invite surtout les blancs à comprendre les malaises des premières nations et à appuyer les élans qui vont dans le sens d’un renouveau pour ces communautés dont ils partagent le territoire. L’intention devait se matérialiser, mais on ne peut pas dire que les narrations soient très efficaces pour atteindre l’objectif visé.