La cause du peuple
de Patrick Buisson

critiqué par Fredericpaul, le 1 novembre 2016
(Chereng - 63 ans)


La note:  étoiles
Passer outre la réputation de l'auteur
Comme beaucoup d'entre vous sans doute, j'avais de forts a priori avant de me lancer dans ce pavé (443 pages) écrit par "l'immonde" Patrick Buisson, conseiller politique durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ancien dirigeant de Minute, promoteur du débat sur l'identité national .....l'auteur sent le soufre chez les gens de gauche mais aussi auprès de nombreux républicains.
Eh bien la lecture de ce livre m'a grandement intéressé. On y retrouve un verbatim du quinquennat Sarkozy analysé à l'aune des idées politiques. L'ancien Président en ressort très en dessous de son image de dur, de décideur implacable, de transgresseur de tabou. Il se révèle souvent pusillanime, sous influence de son épouse (Carla bruni-sarkozy) et essentiellement préoccupé par l'image qu'il donne dans l'opinion. Cet homme veut être aimé et semble prêt à tous les revirements pour apparaître auprès des citoyens - considérés exclusivement comme des électeurs en puissance - à toutes les annonces. Annonces bien souvent non suivies d'effet ou contredites par la réalité des faits.
Tout au long du livre, Patrick Buisson analyse le "peuple", son "peuple"; celui des laissés pour compte, celui qui souffre des effets de la mondialisation, celui qui ne comprend pas que l'on donne plus ou autant aux immigrés qu'à lui, celui qui ne se reconnaît pas dans cette nouvelle France qui ne le prend pas en compte et qui promeut une mixité mondialiste où il n'a pas sa place.
Il dénonce une gauche qui a rejeté cette population au nom d'un idéal angélique du "vivre ensemble" qui ne peut s'appliquer dans les banlieues, les zones sensibles ou même les villages.
Le peuple de Buisson veut que sa voix soit entendue et respectée (il a vécu le traité de Lisbonne qui passe outre son vote négatif au référendum sur l'Europe comme une gifle) là où les élus une fois en place ne prennent plus en compte ceux qui l'ont porté où ils sont. Il en appelle à nos racines chrétiennes, non pas à un retour à une quelconque théocratie mais à aux valeurs de partage et de solidarité promues par cette religion.
Ajoutons que le style de l'ouvrage a de la tenue, que les analyses sont fortement étayées et que les anecdotes sont aussi salées que pertinentes.
Il y a ici un livre intelligent écrit par un écrivain cultivé et cohérent dans sa pensée.
Je ne suis pas d'accord avec Patrick Buisson sur de nombreux points de son analyse qui me semble trop centrée sur l'aspect sociétal et pas assez sur les apports économiques et culturels reçus par notre pays. Mais sa voix mérite d'être entendue et écoutée.
Il se réfère à Saint-Simon et au Cardinal de Retz et son ouvrage ne pâlit pas à l'ombre de ces prestigieux patronages.
C'est une lecture qui me semble nécessaire pour mieux comprendre les oubliés du suffrage universel et une partie de l'idéologie de la droite la plus "réactionnaire"; "réactionnaire" s'entendant ici comme une position politique pouvant être digne de respect.