Un homme sans quête est un vélo sans roue
de Éric Scilien

critiqué par CC.RIDER, le 27 octobre 2016
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Poétique ô combien…
Une étudiante aux Beaux-Arts exige de son petit ami qu’il lui offre chaque jour un bouquet de fleurs différent… Un prisonnier s’évade d’une prison nazie et rentre au bout d’un certain temps dans son village natal pour découvrir que ses amis ont disparu, que sa femme est partie ou a été enlevée et que sa maison a été vendue à un collabo…
Dans quel registre classer ce recueil ? Des nouvelles ? Des poèmes en prose ? De la versification libre ? Sans doute un peu des trois. Les textes sont présentés en chapitres cohérents comme autant de parties ou d’étapes de l’éternelle histoire humaine : romances, promesses, cherche-bonheur, combat, solitudes, équilibre instable, adieux. Scilien a le sens des titres, l'œil aigu, la plume alerte et gracieuse et la sensibilité à fleur de peau. Nulle part on ne le découvre plus que dans ces textes en général courts (pas tous) pleins de fulgurance, d’évidences ou d’ambiguïté, de cris et de larmes, de souffrance mais aussi de joie et d’allégresse. Sans oublier l’amour et le non-amour toujours présents qu’ils soient charnels ou platoniques, torrides ou sublimés. Avec en fil conducteur la quête (thème général de l’ouvrage), la recherche, le désir ici et maintenant, l’envie de l’autre, de l’ailleurs et de l’autrement. « Combien d’inutiles victoires pour une seule défaite ? » dit Scilien. « Tout s’en va, se consume sur l’autel de nos chimères… Et si la vie n’était qu’un songe, la mort nous ouvrirait les yeux… Les plus belles victoires se forgent dans l’amertume de la défaite… », constate-t-il également. Comment rendre compte d’un tel ouvrage ? Comment juger de la poésie ? Dire humblement que c’était beau et bien écrit, raconter qu’on a aimé sa lecture, souffert avec l’auteur, pleuré devant la dépouille de son père, ragé de l’injustice des êtres ou soupiré à cause de la dureté des choses. Une mention spéciale pour trois textes, trois pépites, trois nouvelles philosophiques, sociales ou simplement noires, qui sortent du lot et méritent à elles seules le détour : « Aimer au sang », « Avoir le bon profil », et « Mauvais fils ». Lisez Eric Scilien ! Vous ne regretterez pas votre découverte !