Notre France. Dire et aimer ce que nous sommes
de Raphaël Glucksmann

critiqué par AmauryWatremez, le 23 octobre 2016
(Evreux - 55 ans)


La note:  étoiles
Les deux France
Raphaël Glucksmann publie le livre « Notre France – Dire et aimer ce que nous sommes » dans lequel il affirme décrire le pays en homme de progrès, en clair selon l'oligarchie et ses obligés en somme. Dans « Quotidien » le spectacle « d'infotainemant » de dérision « citoyenne » et « objective » (c'est lui qui l'affirme) de Yann Barthès il se pose en anti-Zemmour mais consent quand même en fin de péroraison à avouer qu'il aime bien le côté « rabelaisien » de la France, son côté « gaulois ». Nous souffririons de trop d'hygiénisme, de trop aseptiser notre vie. On ne peut pas lui donner de ce point de vue entièrement tort et on lui sait gré au moins de l'écrire.



On me pardonnera cependant dans la suite de ce texte mon irrespect envers ce grand philosophe contemporain (1 m75 à vue de nez) mais il est encore bien timide.



On s'étonne d'ailleurs de le voir reprendre au fond des idées qui ne déplairaient pas aux réacs qu'ils conchient par ailleurs. Ce genre de représentant de « la France d'en haut » donnant des leçons de morale comme lui est toujours persuadé de sa légitimité de par les avantages matériels dont ils disposent depuis sa naissance.



La France de Raphaël Glucksmann est celle que l'on voit dans les films américains. Les français du petit peuple qu'il décrit non sans condescendance ne se lavent pas, mangent comme des gougnafiers en faisant du bruit. Ils s'essuient bruyamment sur leurs manches une fois le repas fini tout en écoutant avec respect le monsieur « venu de la ville » qui leur dit comment se conduire. Ils sont ignares, incultes, grossiers. Heureusement qu'ils ont cette chance d'avoir des messieurs « venus de la ville » comme monsieur Glucksmann pour les éclairer.

C'est son but ultime ainsi que de leur faire admettre combien la mondialisation heureuse est quelque chose de fort sympathique. Les français « périphériques » y feraient de très beaux « indigènes » que l'on visiterait en « réserves » tels les indiens d'Amérique.



Nul besoin pourtant d'invoquer Rabelais et d'autres classiques afin de définir l'identité de la France. Ce côté « rabelaisien », ce goût pour la « gauloiserie » proviennent de l'identité d'abord rurale du pays. La France vient de la glèbe retournée par les défricheurs, par ses agriculteurs. Ses enfants n'avaient nul besoin de grand discours sur la libération sexuelle ou que sais-je encore puisqu'ils voyaient les animaux se reproduire dans les prés. Ils vivaient avec les saisons, riches et pauvres, consommant les produits de la terre avec raison la plupart du temps, sachant la valeur de leur travail.



S'il leur arrivait de subir la rigueur d'hivers rigoureux ou de mauvaises récoltes, ils percevaient instinctivement la nécessité d'un équilibre entre leurs besoins et ce que la terre pouvait leur offrir.



Paris elle-même que l'on oppose toujours abusivement à la province est demeurée très longtemps une ville marquée par la ruralité. Il y a à peine quelques décennies, les rues de la capitale sentaient le crottin, il y avait des animaux partout. Et les « bourgeois pédagogues qui se figurent réinventer le fil à couper le beurre en réintroduisant qui des abeilles qui des moutons ne font que reprendre des idées et comportements de simple bon sens de leurs ancêtres. Rappelons aussi qu'à chaque arrondissement correspondait souvent une région.



Les bals populaires étaient menés par des bretons, sans oublier les auvergnats tenant les fameux « bougnats ». Les « parisiens » arrivés peu après l'haussmanisation de la ville conservaient jalousement leur identité d'origine, leurs coutumes, leurs traditions propres. Ces ne sont pas les derniers provinciaux à être « montés » sur la « ville-lumière » afin de s'y installer. Les bourgeois pédagogues y sévissant depuis déjà quelques décennies viennent également pour la plupart de province. Ce sont en effet pour la plupart des parvenus venant des régions. Ils adoptent une fois installés à Paris des manières singées sur une bourgeoisie fantasmée et complètement imaginaire.



Eux aussi sont des péquenots au fond, des péquenots avec des prétentions...