Au rendez-vous des Terres-Neuvas
de Georges Simenon

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 30 mars 2004
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Cherchez la femme...
Enquête classico-classique de Maigret, à lire en guise de pause reposante, où l’on a la certitude de ne pas être déstabilisé : bref, deux heures d’une lecture confortable mais sans plus !

Au retour d’une expédition de pêche à la morue, le capitaine du bateau est assassiné. On accuse le télégraphiste, injustement, et Maigret va s’employer à l’innocenter. Pour cela, il lui faut d’abord comprendre la psychologie de ces hommes enfermés comme des lions en cage pendant les trois mois de pêche. Et cela sans le secours de l’accusé qui refuse de se défendre, comme s’il était hanté par quelque chose de plus grave encore…

Il est paradoxal de voir que dans cet univers exclusivement masculin, l’adage « cherchez la femme » se vérifie…
Quand un capitaine… a une araignée au plafond… 8 étoiles

Cette enquête assez noire, où Maigret officieusement enquête sur le crime d’Octave Fallut, capitaine du chalutier l’Océan à la demande d’un ami est plutôt un drame. Marqué par la dureté d’un métier où parfois des destin d’hommes chavirent sous l’influence d’une créature de rêve, mi-femme mi-poisson…
Extrait :
L’homme était assis sur la même banquette que Maigret, à l’autre bout. Mais le commissaire l’observait dans une glace.
Il était court, large d’épaules. C’était le type même du marin du Nord, trapu, grassouillet, sans cou, la chair rose, le poil blond. Comme la plupart des pêcheurs, il avait les mains couvertes de cicatrices de furoncles.
-Il boit toujours autan ?
-Ils boivent tous… Mais c’est surtout depuis que le gosse est mort qu’il s’enivre… Ca lui a donné un fameux coup de revoir l’Océan…
Maintenant l’homme les regardait d’un air effronté.
-Qu’est-ce que vous me voulez ? bégaya-t-il à l’adresse de Maigret.
-Rien du tout…
Tous les matelots suivaient la scène, sans cesser leur partie de dominos.
- …Parce qu’il faudrait le dire !... j’ai pas le droit de boire, peut-être ?...
-Mais si !
-Dites que je n’ai pas le droit de boire… répéta-t-il avec une obstination d’ivrogne.

Mine de rien… c’est bien encore un bon petit trésor !

Pierrot - Villeurbanne - 72 ans - 14 janvier 2017


épisode exceptionnel dans une vie banale 9 étoiles

Au rendez-vous des Terres-Neuvas, Georges Simenon

Maigret est prié par un de ses amis d’innocenter un jeune télégraphiste accusé du meurtre d’un capitaine de bateau de pêche, rentrant au port de Fécamp.

- L’escale, ou le condensé d’une navigation à problèmes.

Quelques jours d’escale suffisent pour qu’éclatent les drames multiples qui succèdent à une navigation d’enfer : le capitaine était-il fou, à prendre des initiatives vouées à l’échec ? Le bateau avait-il le « mauvais oeil », ce qui expliquerait la mort d’un mousse, les conduites incompréhensibles du chef mécanicien et du télégraphiste, les silences des matelots, l’ivresse permanente de l’équipage….

En moins de 200 pages, Maigret-Simenon raconte l’escale, bref segment temporel en regard des interminables trois mois de conflits silencieux à bord.

Deux secrets expliquent tout, après la difficile confession des personnages. Ceux-ci, adeptes d’une existence bien réglée, auront connu un épisode hors du commun …. avant de reprendre le cours d’une vie banale et sans surprise.

- Maigret a les pouvoirs d’un écrivain.

« Tous ses personnages, [Maigret] les possédait, il les faisait manœuvrer en quelque sorte sur ce bateau qu’il dominait du regard »

« Ce que faisait [Maigret ] ? Il essayait de comprendre ! Tous les personnages étaient leur place, avec leur mentalité particulière, leurs préoccupations »

Tel un romancier, il s’imprègne du décor, écoute et devine les protagonistes, imagine les situations, reconstitue le puzzle fatal, avec une grande économie de moyens : l’intrigue est une épure, la résolution, sobre, les personnages, véridiques.

Il n’est pas sûr que l’équipage ait compris ce qui s’était passé. Seul Maigret, silencieux et tétant sa pipe, laisse entendre au lecteur les drames et leurs mobiles.

Par sa construction et ses personnages, banals mais tourmentés, cette œuvre de Simenon, le temps d'une escale, illustre le talent d’un auteur sobre et prolifique.

Rotko - Avrillé - 50 ans - 14 juillet 2014


Un bon Maigret 9 étoiles

Si ce n'est pas le meilleur MAIGRET c'est quand même un excellent roman. L'ambiance simenonienne est toujours là, proche de l'impressionnisme.

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 2 avril 2005