Le troisième mensonge
de Agota Kristof

critiqué par Jules, le 30 mars 2004
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Quel talent cette Agota Kristof !...
Voici donc le dernier volume de la trilogie qui commence avec « Le cahier rouge »

Il y avait déjà beaucoup de questions à se poser dans le second tome intitulé « La preuve ». Où était parti Lucas ? Claus qui revient ne donnait pas la même version de son enfance que Lucas ! Les seules choses qui correspondaient étaient qu’il existait bien, qu’il avait bien un frère jumeau en Lucas et qu’il avait bien quitté le pays en passant la frontière.

Dans ce troisième volume, nous allons commencer par nous perdre complètement ! Nous allons recevoir une tout autre version des faits de la part de Claus. Mais que vaut ce que raconte Claus ?… En effet, quand il décrit ce qu’il y a d’écrit dans son cahier à lui, il dit que ce sont des mensonges, que tout est inventé …

Claus va retourner à la grande ville où il ira de surprises en surprises. Il retrouvera la maison de son enfance et, qui plus est, occupée par sa mère et son frère Klaus !… Là, nous n’en sortons plus !… Qui est-il lui-même ? Qui est ce Klaus avec un K au lieu d’un C ?… Et nous pensions sa mère morte !…

Et quel est ce terrible secret que ce frère Klaus cache si fortement ?…

Agota Kristof fait preuve d’une maîtrise incroyable dans sa façon de mener toute cette histoire au long des trois volumes !… Alors que le premier est cent pour cent cohérent et forme une histoire complète à lui tout seul, le second détruit tout, ainsi que le début du troisième. Il nous faudra attendre la seconde moitié du troisième volume pour comprendre à nouveau. Et toujours cette même écriture analytique qui conserve toute sa force !

Ce dernier livre n’est pas plus gai que les précédents. Ecoutez Klaus parler dans sa tête à Lucas : « Je lui dis que, s’il est mort, il a de la chance et que j’aimerais bien être à sa place. Je luis dis qu’il a eu la meilleure part, c’est moi qui dois porter la charge la plus lourde. Je lui dis que la vie est d’une inutilité totale, elle est non-sens, aberration, souffrance infinie, l’invention d’un Non-Dieu dont la méchanceté dépasse l’entendement. »

Et malgré cela, Agota Kristof fait en sorte qu’ayant commencé « Le Cahier rouge » il est impossible de ne pas aller au bout de cette trilogie ! Et vite en plus !… On veut la suite !…
RIEN A REDIRE, TOUJOURS AUSSI EXCEPTIONNEL !... 10 étoiles

Contrairement à certaines des critiques précédentes, j’ai trouvé ce troisième tome de la «Trilogie des jumeaux » toujours aussi exceptionnel et certainement aussi bon que les deux premiers.

Encore une fois, l’écriture a changé et est différente par rapport aux deux volumes précédents. La maîtrise de l’histoire d’Agota KRISTOF est vraiment extraordinaire, les évènements racontés qu’ils précèdent, suivent, ou complètent l’histoire des deux premiers tomes, s’imbriquent toujours parfaitement dans l'histoire, d’une manière qui nous semble tout à fait normale, comme si les évènements découlaient d’eux-mêmes…

Je ne parlerai pas encore du récit, celui-ci ayant déjà abondamment commenté dans les critiques précédentes, je me contenterai juste de dire, que si l’on lit bien la page 80 (dans l’édition de poche) et qu’on la garde en mémoire durant le reste de la lecture, le récit des évènements devient très clair, il n’y a plus de confusion, et tout devient simple et limpide…

Enfin, je m’en voudrais de terminer sans dire encore une fois un mot de l’incroyable écriture d’Agota KRISTOF, toute en puissance, toute en profondeur, en finesse, une sorte d’écriture analytique, (ou devrais-je dire clinique ?...) simple, directe, sans fioritures aucune, comme sans sentiments…
Elle vous prend aux tripes et ne vous lâche plus ! A lire, à lire et à lire si on veut vraiment comprendre de quoi je parle !...

Un très grande trilogie, un très écrivain à découvrir…

Septularisen - - - ans - 26 août 2012


Un dernier livre sans queue ni tête 3 étoiles

Ce troisième tome fut pour moi une déception. J'ai réussi à en comprendre quelque chose seulement le jour de mon examen, grâce au partenaire avec qui je le faisais. J'émets l'hypothèse que le prof nous a dit de le faire en équipe car il savait que sans l'aide de quelqu'un on ne comprendrait pas ce livre! En tout cas je l'en remercie.
Je n'y ai pas vu une structure qui nous permet de suivre les évènements, contrairement aux deux premiers. On est sans cesse pris entre maintenant et trente ans en arrière, je n'y voyais pas clair au début. De plus, c'est ma faute, j'en conviens, le fait que l'auteur ait mis deux orthographes au nom d'un des jumeaux m'a mêlée les pinceaux et donc enlevé un peu plus de plaisir à ma lecture.

Tout ceci me désole, car je vois bien que certains ont tout à fait saisi les intentions de l'auteur et s'en sont régalé. Peut-être que dans quelques années, si j'ai l'occasion de relire cette trilogie, je comprendrai tout plus facilement.

Mariefleur26 - Paris - 30 ans - 18 mars 2012


Imprévisible 7 étoiles

Je ne peux pas dire que je n’aime pas la trilogie d’Agota Kristof, mais on dirait que j’ai encore de la rancoeur par rapport à que l’auteure ne sait pas arrêter au premier tome. Reste que j’aime le côté mélangeant et inattendu des deux derniers livres.

Nance - - - ans - 22 septembre 2010


le moins bon des trois 5 étoiles

Un troisième volet assez déçevant. Agota Kristof nous fait voyager à travers le temps à travers le récit des deux jumeaux dont on peine à connaître la véritable identité. Certes, ce dernier opus est plus complexe que les précedents mais l'auteur, même si elle joue très bien avec "l'intrigue" de sa trilogie, ne nous donne pas non plus très envie de la comprendre. Ce troisième tome manque de piment dans l'écriture et les situations fortes semblables à celles que l'on a pu vivre dans les deux premiers tomes.

Une déception mais une admiration pour la trilogie dans son ensemble.

Baader bonnot - Montpellier - 41 ans - 6 février 2009


Troisième tome glaçant, troublant, fort, très fort 9 étoiles

Le troisième mensonge est le dernier volet de la Trilogie des jumeaux écrite par Agota Kristof. Après Le grand cahier et La preuve, nous retrouvons Lucas et Klaus.
Dans les dernières pages de "La preuve", on ne savait plus qui est qui, on ne savait plus lequel des deux existe ou si seulement ces deux là existent. Là encore Agota Kristof sème autant de doutes que de questions, lève autant de voiles sur le passé pour en déposer de nouveaux et brouiller sans cesse les pistes.
Lucas a disparu, Klaus le recherche. Klaus qui est revenu dans son village après l’exil, après avoir fui ce pays totalitaire foudroyé par la guerre et la bêtise des hommes.
Klaus revient sur son passé, les souvenirs ressurgissent et nous en apprenons plus sur ces deux frères arrachés l'un à l'autre, sur leurs existences qui n’ont été que déchirements, errances et blessures effroyables. L’un comblait l’absence de l’autre en le faisant vivre à ses cotés. Fantômes grimaçants, ombres inséparables, doubles fantasmés, Agota Kristof est terrifiante. Elle ne dit rien, elle suggère, elle laisse deviner.
Et petit à petit elle nous donne les clefs de cette gémellité déchirée, nous entraîne dans le sillon d’une enfance laminée par un cruel accident qui aura anéanti l’existence de Lucas et Klaus. Evénement fulgurant qui atomise leur enfance, leur famille, leur avenir.
On pourrait croire qu’enfin réunis, Lucas et Klaus vont pouvoir se reconstruire. Il n’en sera rien ; leurs retrouvailles seront glaçantes et indéfinissables, comme leurs destins ont pu l’être. Les plaies sont inguérissables, les cicatrices béantes.
Effroyablement pessimiste et tourmenté, ce roman écorché et cruel, dresse le portrait déchirant de deux êtres que la vie aura brisés, ravagés. Il se referme en tremblant et laisse un souvenir cuisant dans la mémoire. Le souvenir d'un moment de littérature fort, très fort.

Amanda m - - 57 ans - 21 février 2008


Une fin… en point d’interrogation 7 étoiles

Je vois que je ne suis pas la seule à avoir trouvé le troisième volet un peu plus complexe que les précédents… Mais pour ma part, cette fin n’est pas seulement compliquée par endroits mais aussi plutôt vague et nébuleuse, ce qui m’a un peu déçue. Suis-je la seule à ne pas avoir réussi à démêler tout le vrai du faux ? Je me demande encore si c’est moi qui a mal compris, et qui devrais, dans ce cas, reprendre depuis le début, ou alors si c’est l’effet qu’Agota Kristof a cherché à produire au terme de sa lecture. Après tout, il n’y a rien d’infiniment précis dans aucun des trois volumes ; on ne connaît jamais les noms de familles, ni les noms des villes, ni même des pays ou des langues dans lesquels se déroule l’histoire. À le voir comme ça, je ne crois pas qu’Agota Kristof aurait cherché malgré tout à nous expliquer en détails ce qu’il aurait fallu considérer comme réel ou imaginaire… Je termine avec l’idée que pratiquement tout a été inventé du côté de Lucas, ce qui me déçoit un peu au bout du compte, mais qui ne compromet tout de même pas la qualité des récits. À lire !

Gabri - - 38 ans - 17 octobre 2007


Klaus et Lucas 7 étoiles

L'histoire de Klaus et Lucas prend fin avec ce troisième volume de la trilogie entamée par "Le grand cahier" et "La preuve". Un troisième volet aussi fort que les deux précédents mais qui me parle cependant un peu moins. Pas uniquement parce que Agota Kristof prend un malin plaisir à tout emmêler et complexifier (par moments, cette volonté de vouloir perdre le lecteur nuit au plaisir), mais parce que je n'estimais pas indispensable le besoin de vouloir à tout prix proposer une clé, une fin d'intrigue. J'aurais préféré une vie qui s'écoule aussi sordidement sans qu'il y ait besoin de trouver une motivation à cela. La misère humaine, sociale, psychologique... existe bien sans qu'on la légitime.
Ceci étant, cela n'enlève rien à la force de l'histoire et à son pouvoir destructeur. Sur ce point, la plume de Agota Kristof ne faiblit pas. C'est une lecture dont on ne sort pas indemne, il y a un choc, une réflexion et quelque part, c'est ce qu'on cherche, car on sait à quoi s'attendre en lisant le 3e opus d'une série sombre au possible.

Sahkti - Genève - 50 ans - 22 juin 2006


Dernier élément de la trilogie. 7 étoiles

« Le troisième mensonge » clôt la trilogie entamée par « Le grand cahier », poursuivie par « La preuve ». Agota Kristof, née Hongroise et vivant désormais en suisse, ne fait pas dans la dentelle. Plus qu’une histoire, passablement compliquée, surtout complexifiée à l’envi, c’est l’atmosphère glauque et morbide qui reste en tête une fois le dernier tome refermé. A vivre nos vies faciles d’Européens de l’Ouest, on n’a pas forcément idée de la « Struggle for life », au sens propre, telle qu’elle existe dans de nombreux pays et telle qu’elle existait (si même c’est terminé) dans de nombreux pays de ce qu’on appelait l’Europe de l’Est. Totalitarisme, arbitraire, mépris de l’être humain, voilà ce qui nous est conté sur fonds de pays dévasté, de relations humaines minimales.
« -On m’appelle Claus T. est-ce mon nom ? Dès l’enfance, j’ai appris à mentir. Dans ce centre de rééducation où je me remettais lentement d’une étrange maladie, on me mentait et je mentais déja. J’ai menti encore quand j’ai franchi la frontière de mon pays natal. Puis j’ai menti dans mes livres. Bien des années plus tard, je franchis la frontière dans l’autre sens. Je veux retrouver mon frère, un frère qui n’existe peut être pas. Mentirai-je une dernière fois ? »
L’écriture de A. Kristof y est aussi pour quelque chose. Froide, analytique, clinique. Idéale pour brosser cette atmosphère glauque qui perdure après la lecture.
Pas désespérant pour autant puisque rares sont ceux qui, une fois attaquée la trilogie, ne vont pas au bout. On en redemande, et quand on est à critiquer le troisième mensonge, c’est qu’on en a redemandé !

Tistou - - 68 ans - 9 mai 2006


Ouch... quelle puissance 9 étoiles


Seuil a réuni les 3 volumes de cette trilogie en un seul, et c'est une bonne idée, tant s'arrêter après le premier ou le 2° volume est impossible.

Dans le premier, Le grand cahier, c'est un récit à 2 voix que 2 jeunes garçons, jumeaux, Lucas et Claus, rédigent pendant une guerre, dans un pays indéterminé. C'est leur quotidien en faits bruts, petits enfants précoces et surdoués qui vivent en autarcie, expérimentant tout ce qui passe à leur portée.

Dans le 2°, la preuve, c'est la vie de Lucas, après la guerre, plus introspectif et se terminant par un coup de théâtre tout à fait énorme.

Enfin le 3°, on retrouve Claus, qui retrouve Lucas, enfin en quelque sorte, car l'interrogation perdure longtemps, sont-ils deux ou pas, et tout s'explique, tout étant imbriqué et atroce.

Le fait qu'Agota Kristof ait écrit directement en français, langue qui n'est sienne que d'adoption, donne à cette histoire une dimension tout à fait hors norme, une écriture factuelle et précise, sobre, qui glace complètement les évènements déjà tout sauf ordinaires qu'elle décrit.

Les 3 livres sont très différents les uns des autres, mais complètement cohérents, à tiroirs et c'est prenant en diable. Ce fût une expérience de lecture complètement atypique, qui m'a passionnée, et qui suscite toute mon admiration.... Quelle imagination !

Attention cependant on n'en sort pas indemnes, l'atmosphère glauque colle à la peau...

Cuné - - 57 ans - 21 janvier 2005


La fin 6 étoiles

Le moins réussi de la trilogie pour ma part. Le défi de chaque auteur d’une série est de terminer avec un gros coup, les attentes sont énormes et c’est rarement à la hauteur. Dans ce dernier tome où les jumeaux sont adultes, les choses deviennent plus complexes et on s’éloigne de l’esprit qui avait animé les deux premiers tomes. Néanmoins, il est impossible de ne pas vouloir fermer la boucle...

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 26 novembre 2004