Catamount, tome 1: La jeunesse de Catamount
de Benjamin Blasco-Martinez (Scénario et dessin), Albert Bonneau (Autre)

critiqué par Fanou03, le 6 octobre 2016
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
La vengeance des Cheyennes
Dans les années mille-huit-cent-soixante-dix, dans l'Ouest américain, une caravane de pionniers trouve un tout jeune enfant dont la famille a été massacrée par les Cheyennes. Le petit garçon, prénommé Catamount, va grandir avec ceux qui l'ont recueilli. Mais il ne se doute pas que des années plus tard sa route recroisera celle des Cheyennes et de leur chef, le terrible Black Possum.

Catamount est une série de romans western écrite par l'écrivain Albert Bonneau dans les années mille-neuf-cent-trente à cinquante et qui avait eu semble-t-il beaucoup de succès à cette époque. Cet album de bande dessinée est une adaptation du premier volume de la série, suite à la rencontre entre la fille d'Albert Bonneau et du jeune mais très prometteur Benjamin Blasco-Martinez.

Certes l’album souffre, soyons honnête, de certaines faiblesses. Ainsi le scénario de La jeunesse de Catamount s’avère assez conventionnel. Benjamin Blasco-Martinez, fidèle sans doute au texte d’origine, aurait pu offrir un point de vue beaucoup plus ambigu qu’il ne le fait sur les motivations des personnages, en particulier sur le désir de vengeance de Catamount et de Black Possum: l'histoire aurait sans doute gagné en profondeur. D’autre part le trait du dessinateur est parfois un peu gauche, maladroit, surtout dans la représentation des visages, en particulier féminins.

Mais ce qui frappe pourtant, malgré ces imperfections minimes, c’est une grande force qui se dégage paradoxalement de ce dessin. Utilisant un encrage puissant, rythmant la narration par des découpages très cinématographiques et réussis, peignant les paysages de l’ouest avec beaucoup de sensibilité, l’auteur réalise des pages impressionnantes de maîtrise et tout à fait marquantes, ainsi les gros plans du chef cheyenne, absolument magnifique, ou au contraire des panoramas d'une grande beauté. Car Benjamin Blasco-Martinez aime le western, et cela se ressent au fil des pages, pétries de références documentaires, tandis que du côté de la bande dessinée le graphisme évoque presque sans rougir un Giraud ou un Derib.

Le talent est là, frémissant, mais irrésistible : je dois dire qu'il est assez émouvant de déceler chez un jeune auteur autant de qualités. Gageons qu'il saura améliorer encore sa technique graphique et narrative sur le deuxième volume de Catamount en préparation, ce qui serait, en tout cas c'est ce que je lui souhaite, la promesse d'une belle carrière !