Et mon mal est délicieux
de Michel Quint

critiqué par Clarabel, le 29 mars 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Beau, très beau...
De cette plume presque gouailleuse si caractéristique au style de l'auteur, Michel Quint nous enchante, nous emporte et nous transporte fin des années 30, dans la région de Lyon, auprès d'un trio de laissés-pour-compte : Luz, jeune espagnole à la beauté du diable, Ampara, sa tante, et Max, fils d'un magistrat juif que les allemands expédieront en aller simple. D'abord commence la rencontre entre le narrateur, écrivain paumé, en panne d'inspiration, et d'un vieil homme qui radote du Cid... Son histoire commence: le vieux, Max, apostrophe le narrateur et lui raconte par menus détails sa bouleversante histoire d'amour pour la jeune Luz, une jeune orpheline espagnole élévée par sa tante, dans un quartier miséreux, loin des regards de tous, un ancien monastère de la Chartreuse à Villeneuve.
Luz est une passionnée de théâtre, elle clame Le Cid de toute son âme, le jeune Max est son répétiteur mais il ne touche pas suffisamment lorsqu'un soir de l'année 40 la jeune fille rencontre un jeune homme, qui lui donne les répliques d'un bouleversant Rodrigue, au point de terminer sa tirade en mordillant les douces lèvres de Luz. Celle-ci en est persuadée, elle l'a reconnue plus tard sur les pages d'un magazine: il s'agit de Gérard Philippe. Tous deux se sont faits une promesse, qu'il revienne jouer Le Cid exprès pour elle, quand il sera comédien reconnu. Et il part.
La passion de Luz ne faiblira jamais, au grand dam de Max. Lui, par amour, part à Paris embrasser cette carrière de comédien pour devenir l'ombre de Gérard Philippe et rapporter à la jeune Luz les potins du milieu, les moindres faits et gestes de l'acteur.
Or, un drame va frapper la jeune fille. Ce trio va combattre un mal irrémédiable, un vrai drame cornélien qui va toucher de plein fouet Luz, Amparo et Max.
Agé de 80 ans, Max livre sa bouleversante histoire, et toutes les révélations inimaginables, sinon dans une pièce de Corneille. Le narrateur, spectateur discret, prendra sa plume pour raconter "le terrible des petites vies de rien, et de leurs théâtres intimes".

"Et mon mal est délicieux" est le très joli titre, emprunté d'un vers d’Apollinaire, d'un très roman court de 84 pages. Court suffisamment pour dire l'indicible, le magique et le tragique. Théâtre très intime d'une bouleversante histoire entre "Chimène des bas-fonds et Rodrigue des beaux quartiers". C'est court mais intensément beau. Bravo et merci l'auteur.
Dommage que ma lecture n'ait pas été délicieuse... 5 étoiles

Pour le coup je serai moins dithyrambique que mes prédécesseurs qui dans leur ensemble ont apprécié leur lecture.
Attiré par le titre du livre, vers issu de Marie, très beau poème de Guillaume Apollinaire, j'ai donc tenté ce court roman ou nouvelle, c'est selon.
Pour faire vite, je n'ai pas été emballé par cette lecture, son histoire quelque peu lyrique et par les personnages.
Question de goût, très certainement.
Dommage !

Sundernono - Nice - 41 ans - 17 juin 2020


Beau 10 étoiles

texte court et très bien écrit, captivant.
Une perle.

Capucine33 - - 36 ans - 10 août 2014


Ce mal était délicieux 9 étoiles

Même s'il n'est pas très long (pas assez peut être) l'idée centrale est excellente et l'histoire d'amour passionnante. Michel Quint fait partie de mes auteurs favoris et cette fois encore il ne m'a pas déçue, bien au contraire.

Loras - - 37 ans - 14 novembre 2007


Un mal qui transporte.. 8 étoiles

C’est mon premier Michel QUINT. Je crois comme d’ailleurs d’autres de ces livres, la guerre est le théâtre, le point de départ du récit. L’écriture pour révéler l’histoire, l’histoire d’un drame amoureux. Le récit est beau, fort et dramatique : La guerre, la lutte des classes, l’amour impossible. L’histoire est terrible. Le récit, court, simple à l’écriture efficace et précise.
L’écrit devant être pris dans son sens premier : un vecteur de la narration orale. Elle est un moyen de conter, de raconter une histoire. Elle est maïeutique.
L’histoire est improbable. Elle est faite de tant de non dits, de mensonges guidés par le plus fort des sentiments, celui qui apparaît parfois trop grand pour la machine homme, l’Amour. L’Amour qui compose toutes les souffrances, tous les plaisirs, tous les possibles et les impossibles. Puis cet amour se tisse sur fond de lutte de classe ou plus exactement d’intériorisation du sentiment de classe. Tous les éléments sont là, posés, installés. La tragédie peut se dérouler. Elle se déroule : l’amour impossible, la souffrance et l’écrivain pour conteur.
C’est donc un douloureux mélange auquel nous invite Michel QUINT ; un mélange qui transporte et qui emmène.

Ulrich - avignon - 49 ans - 28 octobre 2005


Ah... Chimène ! 8 étoiles

Un aspirant écrivain se promène près d'Avignon dans un ancien monastère. Un vieux monsieur l'apostrophe, et se met à lui raconter son histoire; une histoire pleine de passion, de théâtre, de drames, les années 40... Et on entre pleinement dedans.

Quel dommage que cela soit si court ! Quelle puissance d'évocation dans les mots de Michel Quint ! Quelle élégance dans tous les personnages ! Lisez-le vite si vous aimez Corneille, Gérard Philippe, ou les histoires d'amour... qui finissent mal, en général...

Cuné - - 57 ans - 15 janvier 2005


Va, je ne te hais point 6 étoiles

C'est une effroyable histoire d'amour, finalement. D'amour et de renoncement. Car, est-ce vraiment du beau Gérard que Luz est amoureuse ?

Persée - La Louvière - 73 ans - 21 octobre 2004


Court mais tellement beau 8 étoiles

C'est justement ce montage compliqué qui lui donne toute sa saveur. Un petit livre qui va droit au coeur. A vous parcourir de frissons...délicieux...

Maria-rosa - Liège - 69 ans - 21 octobre 2004


Et le livre est court 8 étoiles

On reste dans la veine d'"Effroyables jardins". Il y a indéniablement un style Michel Quint. Pour autant, le montage est tellement compliqué et les révélations finales tellement énormes (même si plausibles) que j'en fus un peu désarçonné. Un concentré d'inventivité tout de même.

Tistou - - 68 ans - 21 octobre 2004