Reflets mosans
de Georges Rem

critiqué par Catinus, le 25 septembre 2016
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Délicieusement désuet
« Georges Rem, nom de plume de Georges Remy ( 1899-1974) vécut rue Hocheporte. Il fut écrivain, journaliste, humoriste, revuiste et historien liégeois. »
On lui doit, entre autres, l’excellentissime « Le roman de ma maison ».
Ces « Reflets mosans » sont constitués de très courts textes, un rien désuets mais savoureux et poétiques, qui égrainent les grands moments d’une année type.

On peut trouver ce livre assez rare à la bibliothèque des Chriroux.


Extraits :


- Janvier ( à propos du jour de l’an) : Etrange journée de souhaits, de compliments et d’embrassades qui se buttent parfois au redoutable poil au menton d’une antique cousine.

- Revoici, en dépit des saints de glace, la période des fenêtres ouvertes. Autrefois, elle nous envoyait des rafales de piano ou bien encore un début de polka cent fois répété par un joueur de tuba. Puis c’était les coups de voix de quelque chanteur s’exerçant sur l’air des St-Sulpice de « Manon ». Car Liège possède au moins un ténor par rue. Un ténor qui tient à manifester sa présence et prêter son concours à n’importe qui, n’importe quand et n’importe où.

- ( après la distribution des prix à l’école en juin) Car on était trop pressé de passer le « vieux costume » et de faire le brigand jusqu’à l’automne … que l’on atteignait en trois diarrhées, dix points de suture, six indigestions, vingt-cinq fessées et trois balles de sel dans le derrière – rapport aux fruits verts d’un fermier vigilant.

- La neige. (….) Le merveilleux de la neige, c’est qu’elle étonne toujours quand on la revoit. Elle est aussi vieille que le monde et pourtant, elle nous fait pousser un cri de surprise chaque fois qu’elle descend du ciel. « Il neige ! » Petits et grands disent cela candidement parce que la neige est un metteur en scène splendide et parce qu’elle est toujours dans les histoires légendaires et les souvenirs d’enfance.

- Noël. (…) Et je pense à vous, maison d’enfance. J’aimais de fêter Noël dans cette grande vieille demeure à persiennes et à toit d’ardoises fines des hauteurs de Sainte-Marguerite. La chandelle de suif y brûlait au fronton de l’âtre, l’odeur des bouquettes y régnait maîtresse et j’avais une mère, quelques amis et beaucoup de souvenirs …