Zaï zaï zaï zaï
de Fabcaro

critiqué par Marvic, le 25 septembre 2016
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Drôle de chasse à l'homme
Fab en arrivant à la caisse du supermarché, s'aperçoit qu'il n'a pas sa carte du magasin, oubliée dans une poche.
Traumatisant la caissière, il menace d'une botte de poireaux le vigile et parvient à prendre la fuite. Sa cavale l'emmènera jusqu'en Lozère mais il sera difficile de lutter contre toutes les forces de l'ordre lancées à ses trousses.

La BD est un genre que je connais peu et j'ai eu souvent beaucoup de mal à lire les textes des bulles. Mais j'ai beaucoup apprécié ce road movie original, aux dessins succincts, aux textes pertinents et d'un inquiétant surréalisme.
Beaucoup d'humour dans ce voyage en Absurdie, mais un humour grinçant, où personnellement il m'est arrivé de penser qu'il n'était peut-être pas si absurde qu'on voudrait le croire ; prémonitoire ou surréaliste ?
Quant à la fin, si vous êtes de ma génération, le titre vous parlera, quant aux jeunes, ils compatiront probablement moins à la sanction encourue pour un tel délit !
Pas le charme des débuts 7 étoiles

L’album de la révélation ! Décrochant un prix certes mérité (Le Grand prix de la critique ACBD, entre autres), mais on est tout de même en droit de se demander pourquoi la révélation n’a pas eu lieu avant cet ouvrage, qui inaugure un style graphique très différent de ce qu’il avait fait précédemment, même s’il émergeait déjà dans « Carnet du Pérou », un journal de bord témoignant de l’irruption d’un certain réalisme.

Fabcaro va en effet opter pour un dessin plus réaliste tout en conservant le même minimalisme, un dessin plus froid aussi, où les personnages apparaissent quasiment dépourvus d’expressions. Seul l’humour des textes demeure, produisant un décalage encore plus grand et renforçant l’absurdité des situations. Et pour ce qui est de l’absurdité, on est servis avec « Zaï Zaï Zaï Zaï » ! Fabcaro se met en scène dans une sorte de thriller improbable, prenant comme point de départ l’oubli par notre héros de sa carte de fidélité au moment de régler ses courses. De là va s’ensuivre une course poursuite effrénée entre la police et le « délinquant », car dans ce monde fictif qui ressemble beaucoup au nôtre, ne pas avoir sa carte de fidélité constitue un crime impardonnable !

Autant l’avouer, le trait n’a pas le même charme que le dessin des débuts, il est même difficile de le trouver remarquable. De plus, Fabcaro use et abuse de l’itération iconique, même si heureusement son sens de la punchline et sa façon particulière de glisser ses états d’âme et ses préoccupations d’auteur de BD compensent avec drôlerie cette tournure graphique un peu revêche.

Fort logiquement, l’auteur va reprendre cette formule qui lui a réussi pour la suite de sa production (« Et si l’amour c’était aimer ?», « Open bar », jusqu’au récent « Moon River »…) mais on ne peut s’empêcher de regretter les petits mickeys d’avant et leur puissance comique.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 23 juin 2022