Abracadabra
de Kurt Vonnegut

critiqué par Tistou, le 24 août 2016
( - 68 ans)


La note:  étoiles
De la Science-Fiction ? Non pas.
Etrange auteur que Kurt Vonnegut et si difficile à classer. Science-Fiction ? Non. Pas là en tout cas. Prospective ? Sûrement. Avec les libertés, les exagérations, qu’autorise le format du roman. Franz Kafka pas vraiment loin en fait.
Disons que dans « Abracadabra », comme dans d’autres ouvrages, Kurt Vonnegut se plait à mêler des problématiques contemporaines, réelles, avec de la pure prospective, poussée souvent au paroxysme, voire à l’absurde. Kafka pas loin, je l’ai dit …
Comme dans d’autres ouvrages aussi, Kurt Vonnegut construit son récit dans une sorte « d’épluchage de l’oignon », dont on enlève couche après couche pour se rapprocher du centre. Kurt Vonnegut procède ainsi, souvent d’ailleurs en pré-annonçant ce qui va suivre ; la mort de tel ou tel, une catastrophe, … mais en progressant doucement, avec beaucoup de digressions. Il en profite d’ailleurs pour faire état de ses idées et régler des comptes avec notre société moderne et ses inhibitions ou morales au rabais qu’elle érige en tables de la loi (particulièrement aux USA).
De quoi est-il question ici ? D’abord Kurt Vonnegut situe l’action en 2001 (écrit en 1990). Les conservateurs sont au pouvoir. Un rescapé du Vietnam est parvenu à rebondir comme éducateur dans une simili-Université (un truc bizarre réservé à des exclus de l’Enseignement supérieur) grâce à ses relations durant la guerre du Vietnam avec un officier américain de haut rang. Mais il se fait peu à peu mettre au ban, puis exclure, de par son attitude « négative », peu conforme à l’esprit « conservateur » au pouvoir et notamment à la tête de l’école en question.
Il finit par être engagé comme éducateur de la prison voisine – dirigée depuis peu par des Japonais (qui rachèteraient tout dans le pays !) – puis par être lui-même emprisonné, soupçonné qu’il est de complicité vis-à-vis d’une gigantesque évasion qui a lieu dans cette prison.
En fait ce n’est pas tant « l’histoire » (si c’en est une) qui importe mais plutôt ce qu’elle permet de faire passer comme messages, d’afficher comme opinions.
Un peu iconoclaste, beaucoup désabusé … Kurt Vonnegut quoi.