Pardonnable, impardonnable
de Valérie Tong Cuong

critiqué par Didoumelie, le 20 août 2016
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Poignant, pas du tout reposant, mais passionnant !
Quatrième de couverture :
"Un après-midi d’été, alors qu’il se promène à vélo sur une route de campagne, Milo, douze ans, chute, se blesse grièvement et tombe dans le coma.
Ses parents Céleste et Lino et sa grand-mère Jeanne se précipitent à son chevet. Très vite, chacun va chercher les raisons de l’accident. Ou plutôt le coupable. Qui était avec lui ce jour-là ? Pourquoi Milo n’était-il pas à sa table, en train de faire ses devoirs, comme prévu ?"


Ce roman sans concession et authentique retrace une histoire qui pourrait arriver à chacun d'entre nous, cherchant au plus profond des sentiments qui nous animent et nous déterminent.
D'une histoire tristement banale (une faute d'inattention et l'accident de vélo d'un enfant tourne au drame, le jette dans le coma, et fait basculer la vie d'avant à tout jamais), l'auteur nous fait réfléchir sur les tenants et les aboutissants des liens d'une famille. Le drame touche tout le monde, qui est coupable ? Qui est responsable ?
Chacun des chapitres nous propose à tour de rôle les pensées et réflexions de l'un des membres de la famille sur l'accident, sur les liens qui l'unit aux autres membres, sur ce qui a conduit à ce drame, et pourquoi.

Et c'est à travers le ressenti de chacun des personnages que l'histoire prend de l'ampleur, jusqu'à en devenir étouffante, révoltante, les reproches fusent les uns envers les autres, les différences d'opinion et de perception de la situation font allègrement monter la pression, et on assiste impuissant à une famille qui s'entredéchire, en se demandant bien comment on aurait réagi à leur place…

Lire ce livre en vaut vraiment la peine, même si j'avoue que ce n'est pas un livre de tout repos. Le lecteur passe lui aussi par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, mais c'est là toute la force de l'écriture impudique de Valérie Tong Cuong : nous faire recentrer sur notre propre histoire, nos propres questionnements.
Et surtout nous faire poser cette ultime et douloureuse question : s'il nous arrivait pareil drame, pourrait-on encore communiquer comme avant ? Et comment nos proches réagiraient-ils ? Serions-nous tous pardonnables ? Ou impardonnables ?
Déflagrations en chaîne 8 étoiles

Ou comment un accident peut conduire à des accidents, des drames, en chaîne. Un peu la version du battement d’aile de papillon qui peut déchaîner des événements considérables à l’autre bout de la Terre. Sauf que là, l’élément déclencheur n’est pas un simple battement d’aile de papillon mais un accident de vélo, autrement dramatique, celui de Milo, un garçon de douze ans, qui le plonge dans le coma et qui va amener sa famille proche au bord de l’implosion.
C’est que Milo, le fils de Céleste et Lino, le petit-fils de Jeanne et le neveu de Marguerite, sœur de Céleste, était en théorie sous la responsabilité de Marguerite, à faire ses devoirs.
Au chevet de Milo, inconscient, les secrets de chacun vont se dévoiler progressivement. L’histoire est racontée à quatre voix et c’est peu de dire qu’il y a des variantes singulières. Finalement chacun a un « cadavre » caché dans son histoire et les découvertes successives font craindre le pire. Mais Milo va revenir à la conscience, Milo, le ciment de cette famille au bout du compte. Tout sera passé à la moulinette et les torts finiront par se répartir au fur et à mesure que les cadavres sortiront des placards.
Valérie Tuong Cuong nous emmène loin, très loin, au bord de l’abîme, pour finalement renoncer à y faire sauter la famille entière. Il y aura in fine le temps du pardon, de la compréhension. Un temps qui devrait solder plus souvent les affaires du monde !
Les personnalités sont bien dessinées par l’auteure et elle nous démontre, l’air de rien, comment des omissions, des cachotteries, des sentiments refoulés, peuvent s’avérer dévastateurs dans le temps : le syndrome « battement d’aile du papillon …

Tistou - - 68 ans - 9 août 2018


Tout est-il pardonnable ? 7 étoiles

Quand Milo tombe lors d'une descente en vélo, c'est le drame. Céleste et Lino, ses parents, sont très inquiets comme sa tante, Marguerite qui le gardait se jour-là. Son séjour à l'hôpital sera très dur à vivre pour la famille, le moment pour quelques secrets de famille pour resurgir...
Ce roman polyphonique est très bien construit, découpé en plusieurs parties où les protagonistes principaux livrent leurs pensées. Chacun cache des secrets qui pèsent sur leur conscience et la famille. Le début est assez brut, tout de suite dans l'action, il faut mettre un nom sur les acteurs de ce drame familial. J'ai mis un moment à comprendre que Milo était plus jeune que je ne le pensais. Je l'ai confondu, parfois Milo et Lino mais le contexte aide à comprendre qui est qui. Une famille peut-elle cacher tant de soucis, de culpabilité ? Tout est-il vraiment pardonnable ? Je ne sais pas... l'histoire est agréable à lire mais donne un peu le cafard, ça donne envie d'aimer et de profiter de ces doux moments avec nos proches.

Shan_Ze - Lyon - 41 ans - 10 mai 2018


Secrets et mensonges 8 étoiles

Il y a d'abord Céleste, "consciencieuse, honnête dans son travail...fille attentive, épouse aimante...économe sans être pingre". Femme attachante et attachée.
D'abord à son mari, Lino. Issu d'un milieu très pauvre, il a travaillé dur pour se sortir de la misère dont il est issu. Par amour pour son épouse, il accepte l'envahissement de sa belle-mère et de sa belle-sœur.
Jeanne, la mère de Céleste. Mère fusionnelle, possessive, mais de son aînée seulement.
Marguerite, la cadette, l'insupporte.
Marguerite, pauvre femme-enfant cherchant désespérément un peu d'amour, l'affection que sa mère ne lui a jamais donnée.
Leur amour commun à tous, c'est Milo. Enfant attendu et espéré pendant des années, enfant solaire,.
Jusqu'à ce grave accident de vélo, alors qu'il devait faire ses devoirs avec sa tante.
L'enfant plongé dans le coma, les 4 membres de cette famille vont traverser le "temps de la colère, le temps de la haine, le temps de la vengeance, le temps de l'amertume, le temps du pardon".
L'accident sera le révélateur de secrets, des explications seront données, ravageant les liens familiaux.

Dans ce roman à quatre voix, on est emporté par la détresse de chacun, aux personnalités si différentes. On pourra regretter les prénoms trop proches du père et du fils Milo – Lino  ainsi que des personnages manquant de nuances, ( comme Céleste ou Jeanne ).

Mais l'auteure décrit de façon bouleversante les différents étapes qui suivent un drame, la colère, la haine, la culpabilité, mais aussi la force dont on est capable pour sauver un enfant.
Une lecture prenante pour un roman bien écrit, peut-être un peu trop manichéen.

Marvic - Normandie - 66 ans - 4 janvier 2018