"Le passage des éphémères" est un roman par lettres et un conte philosophique dans la tradition du Candide de Voltaire. Adèle, jeune astrophysicienne, stagiaire à l'observatoire d'Uccle et portant allègrement ses 5 siècles d'existence, observe avec une ironie amusée l'agitation de ses collègues: déboires sentimentaux, jalousie, excitation au moment de l'achat d'une maison... Vieille routarde des sentiments et des relations humaines, Adèle connait tout ça par coeur mais prend tout de même un grand intérêt à démonter les rouages et les mécanismes à l'oeuvre dans la conscience - ou le subconscient - de ses collègues. Tout cela nous est raconté dans un style vif et enlevé via les lettres qu'Adèle envoie à son comparse Jean-Baptiste, plus vieux routard encore puisqu'il porte de façon un peu désabusée un millénaire passé à arpenter notre planète.
Jacqueline Harpman effleure dans ce roman quelques questions importantes: le rejet de la différence, ce qui donne sens à une vie humaine , l'importance des sentiments mais aussi leurs fluctuations, la soif de savoir et le comportement auto-destructeur d'une espèce humaine mue uniquement par la soif d'une jouissance immédiate... Qualité et défaut du livre à la fois: Jacqueline Harpman ne fait qu'effleurer tous ces thèmes d'une main légère. Cela nous vaut un très agréable divertissement, par moment franchement drôle et très très bien écrit, dans une langue irréprochable. A propos du style, oserais-je lancer une pique - amicale - à mon collègue Lézard... J'ose: je crois que Jacqueline Harpman ne commettrait pas l'erreur d'écrire "perpétrer une liaison", comme tu l'as fait dans ta critique. On peut perpétrer un crime ou un délit, oui, mais je ne crois pas qu'en ce début de XXIème siècle dans notre société occidentale, il se trouve encore grand monde pour considérer qu'une liaison entre deux adultes (très largement "majeurs et vaccinés"), par ailleurs libres de toute attache, rentre dans l'une de ces deux catégories ;-).
Fee carabine - - 50 ans - 9 août 2004 |