Reprenons nos esprits !
de Alain Bentolila

critiqué par Colen8, le 15 août 2016
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Grandeur du Verbe
Le Verbe est pris ici au sens de langage, de moyen d’expression, d’échange, de communication, d’intelligence collective. La verbalisation consiste à prononcer des mots pour les partager sur un ressenti, des émotions, des expériences. Elle est reconnue par les psychothérapeutes comme un exutoire à la violence. D’où l’importance selon Alain Bentolila professeur universitaire de linguistique de maîtriser sa propre langue, de faire les efforts nécessaires aux apprentissages de la lecture, de l’écriture, de la grammaire … et le reste suivra.
Cet essai en 10 chapitres s’adresse aux parents et aux enseignants. Il tente de leur rendre l’espoir de métamorphoser l’éducation en un système efficace, juste et cohérent. Il leur recommande de favoriser chez les enfants l’élévation de l’esprit comme source d’autonomie individuelle, de préférence à la révélation qui impose sans discussion. Que l’on soit croyant, pratiquant, laïc, la révélation revêt des aspects complémentaires entre d’une part les religions, leurs textes sacrés et leurs rituels intangibles, et d’autre part les connaissances et savoirs en devenir à partir de socles considérés comme acquis ou démontrés par l’expérience. Si elle se borne à l’endoctrinement elle ne peut aboutir qu’à l’aliénation.
L’auteur invite à résister aux facilités de l’inculture, à cultiver la faculté de décoder les faux-semblants, à ne pas se laisser manipuler par la désinformation ni soustraire à la transmission, à enseigner le questionnement. L’un de ses exemples est celui de la langue de bois utilisée sans vergogne par les politiques, amplifiée autant dans les réseaux sociaux que dans les médias, qui tous nous prennent pour des imbéciles.