Le jugement de Léa
de Laurence Tardieu

critiqué par Clarabel, le 18 mars 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Etrange ...
Etrange, la raison pour laquelle Léa a tué son enfant, Théo, quatre ans. Pourquoi ? Personnellement je n'ai pas bien compris, et les quelques explications fournies par l'héroïne ne me suffisent pas et ne légitiment pas son acte (à mes yeux). Je crois que l'auteur aurait dû davantage creuser son personnage central, poursuivre dans sa lancée et nous émouvoir un peu plus."Le jugement de Léa" est l'histoire d'une jeune femme qui attend le verdict de son jugement. Elle a tué son petit garçon. Depuis, elle n'a plus ouvert la bouche et n'a rien dit à personne, rien dit de son geste, rien expliqué.

En attendant, donc, la jeune femme émeut son gardien qui arrive à briser sa carapace et à 'délivrer' celle-ci. Lentement Léa va raconter son parcours, depuis son enfance dorée, entourée de parents qui ne s'aimaient plus et n'ont jamais su donner de l'amour. Puis, pour fuir ce cauchemar, elle se précipite dans un mariage luxueux mais qui n'arrive pas à la remplir non plus. Elle quitte son mari, rencontre des hommes, mais toujours rien...

Combler son vide, combler sa solitude. Lorsqu'elle apprend qu'elle est enceinte, Léa pense s'en sortir et croit former avec son fils deux solitudes. Jusqu'au jour où ce petit garçon va la regarder autrement. "Que dit-on à un enfant de trois ans qui n'a pas connu son père et soudain le réclame? Que dit-on à un enfant de trois ans dont le père a été un amant de quelques heures, un corps de passage, un corps pour combler le vide? Dit-on la vérité? Et quelle vérité? Que s'est-il passé? Rien, ou presque." Léa est touchante et froide. Silencieuse et meurtrie. "Je n'avais pas imaginé la difficulté d'élever seule un enfant." Non, et c'est tout son drame.

Laurence Tardieu signe un roman grave, solennel et implacable. L'ambiance est pesante, mais le fond de cette histoire nous bouleverse envers et contre tout.
Beauté du style, mais un manque 7 étoiles

Encore une fois la plume de Laurence Tardieu vous essore le cœur. Elle pointe, avec ses mots tout simples et forts les sentiments les plus sombres, vous entraîne dans les méandreuses spirales des pensées de Léa. Le cœur se ratatine, les poumons suffoquent. La douleur lancinante de Léa devient votre.

On devine, on ressent. Mais c’est peut-être trop clairsemé, trop vaguement opaque. On imagine, on suppose. Laurence Tardieu ne donne aucune piste, elle nous laisse nous débrouiller avec sa plume lumineuse, même dans les mots les plus lancinants, les plus difficiles.

Sommes nous trop abandonnés à de vagues suppositions ? Cette mère infanticide, on n’arrive pas à l’aimer. On ne trouve aucun support à notre empathie. On la regarde sombrer, on assiste en spectateur au tourbillon de ses pensées, on frissonne devant la beauté des phrases, oui, mais on reste de glace devant la femme.

Un roman, encore une fois superbement écrit, mais une histoire trop éparse, sans complicité, trop de questions qui manquent de réponses.

Amanda m - - 57 ans - 11 avril 2008


aussi bref que fort ! 9 étoiles

« Je m’appelle Léa. J’ai trente-six ans. Je suis assise sur une chaise et j’attends.
J’ai peur.
Je suis là pour mon enfant, Théo. Il a quatre ans. Il est mort.
Ils disent que je l’ai tué. Ils disent qu’ils vont réfléchir. […] »

Telles sont les premières lignes de ce roman de Laurence Tardieu. Léa attend dans une petite pièce étroite, en compagnie d’un gardien, que le verdict des jurés soit rendu. Elle est tétanisée, les larmes de coulent pas. Peu à peu, elle va raconter par saccades son passé, son enfance perdue et l’homme de passage qui est le père de Théo. Le gardien l’écoute et l’encourage, à ½ heure du verdict, même si ça ne changera plus rien, au moins on comprend, on l’écoute, elle se libère. Tendu, dramatique, on pense un peu à l’écriture de Véronique Olmi en lisant Laurence Tardieu.
Tous les commentaires que j’ai pu lire sur le net partent du postulat que Léa est coupable. Pour ma part, ai-je mal lu ou mal compris le roman ?, je lui accorde le bénéfice du doute. Tout le roman tend vers l’explication du drame, la raison du décès de l’enfant. Comme Clarabel je trouve que la fin est un peu trop rapide, pas assez claire, j’aurais préféré avoir plus de certitudes, d’explications, sur le final avec le père de Léa, entre autres.
Un très beau texte néanmoins, très fort, très dur. A relire.

Laure256 - - 52 ans - 13 août 2007


Pas convaincant 2 étoiles

Jamais durant toute la lecture du livre je n'ai été convaincue.
Le personnage est plat, personnellement je n'ai eu aucune compassion pour cet Lea alias Marie. J'ai lu le livre jusqu'au bout en esperant avoir une réponse mais là également j'ai été décu. Même le faible lien qui se noue avec son gardien me paraît complètement artificiel.
A oublier

Doms - - 68 ans - 1 février 2005


Pourquoi ? 7 étoiles

Léa dit qu'elle s'appelle Léa, qu'elle aimait son fils, qu'elle ne peut ni pleurer, ni parler, qu'elle n'a rien à dire, rien à raconter, qu'elle est seule depuis toujours au fond d'elle et à jamais, et qu'elle n'est pas vivante, juste en vie. Mais dans la petite pièce où elle attend le verdict de son procès pour infanticide, l'humanité de son gardien, leur huis-clos de 3 heures va libérer ses confidences ; elle ne s'appelle pas Léa, son fils portait le prénom de son frère, sa bouée, de gros sanglots vont jaillir sans la libérer, elle va tout raconter, sans rien expliquer.
Mais au fond peut-on expliquer la folie, sait-on vraiment pourquoi on bascule, elle n'y a toujours rien compris, alors forcément, nous non plus.
Etrange, intrigant et assez glaçant.

Cuné - - 57 ans - 27 janvier 2005