Iouri
de Pia Petersen

critiqué par Pucksimberg, le 10 juillet 2016
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Libertés individuelles et sécurité, la dérive actuelle ?
Max aime Iouri, plasticien. Ce dernier est de plus en plus silencieux et renfermé. Il s'isole et se concentre sur sa prochaine exposition dans laquelle il ne présentera que trois œuvres. Max ne sait rien de son travail et s'inquiète grandement. Un premier corps est retrouvé dans la rue et l'on croit avoir vu Iouri dans la rue pas bien loin. Max n'obtient pas de réponses de l'homme qu'elle aime, elle est donc obligée d'émettre des hypothèses, de mener son enquête et d'imaginer le pire parfois. A tort ?
Max travaille dans une galerie d'art avec Loïc qui semble sous le charme de Iouri. Certains proches de Max la mettent en garde contre Iouri ...

Le roman est écrit au point de vue interne et nous suivons toutes les pensées, les inquiétudes et les soupçons de Max. Ce procédé permet au lecteur d'être totalement sous l'emprise de la narratrice tout en doutant parfois de ce qui est dit. Exagère-t-elle ? Ne fait-elle pas fausse route ? Le style de Pia Petersen est toujours plaisant et personnel avec ces phrases qui accumulent les "et", ce qui donne l'impression que tout ce qui est écrit sort d'un seul jet. On a vraiment le sentiment de suivre les moindres sursauts de pensées du personnage féminin.

Le monde de l'art est très bien dépeint et l'on parvient parfaitement à visualiser cet univers avec les galeries, les acheteurs, la préparation d'une expo, la marginalité de l'artiste ... Pia Petersen peint aussi en pointillé l'amour, un amour total de Max pour son artiste.

Derrière cette fiction, comme dans tous les romans de l'auteure, des réflexions parsèment l'histoire. L'air de rien, les romans de Pia Petersen sont assez engagés. Plutôt que d'apporter des réponses, ils posent des questions. Le monde d'aujourd'hui est très axé sur la sécurité, nous sommes fichés, filmés et ce point peut rassurer ou révolter car notre liberté serait sacrifiée. Iouri cherche une oeuvre dans laquelle il peut exprimer totalement sa liberté. Le paradoxe qui fait que nous sommes libres parce que surveillés lui pose problème. Je n'aurais pas le temps de le développer ici, mais des parallélismes sont faits avec le terrorisme et les conclusions faites sont intéressantes philosophiquement, tout en étant embarrassantes ...

Un roman psychologique aux allures de thriller intelligent !