L'enfant de sable, suivi de La Nuit sacrée
de Tahar Ben Jelloun

critiqué par Jfp, le 3 juillet 2016
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
masculin féminin
Deux romans pour une même histoire, celle de cet enfant déclaré garçon à sa naissance alors qu'il n'était que la septième d'une longue succession de filles, au grand désespoir de son père, musulman fidèle à la tradition. Derrière la pression exercée par la religion se profile aussi la cupidité d'un frère convoitant un héritage qui lui revient de droit en l'absence d'un héritier mâle. C'est toute une organisation sociale millénaire, basée sur une profonde injustice, que dénonce Tahar Ben Jelloun au travers de l'histoire d'Ahmed, plus tard choisissant de se faire appeler Zahra une fois libéré de ce terrible secret. Mais le contraste entre les deux volets est saisissant. Alors que le premier, passablement ennuyeux, évoque les affres du conteur, censé représenter la réalité alors qu'il n'en est que le miroir déformant, le second, consacré au témoignage de Zahra, devenue une vieille femme et contant elle-même son histoire, est beaucoup plus réaliste et particulièrement attachant. Il semble que l'auteur, au cours de la réalisation de son œuvre, ait hésité entre deux conceptions de la littérature et surtout entre deux façons de témoigner de son engagement en faveur d'une vision humaniste de l'islam. Si vous hésitez vous aussi, choisissez "La nuit du destin". C'est un grand livre…