Un pavé dans l'édifice
de Sandra Aimard

critiqué par Cyclo, le 30 juin 2016
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
haro sur les pauvres
Sandra Aimard dans "Un pavé dans l'édifice" nous livre un tableau désolant et pourtant plein d'humour comme l'indiquent plusieurs des titres de chapitres :
ainsi "RSA, coucher ou pas coucher That is the question", démontre que quand on est au RSA, on peut être réveillé et contrôlé à 7 h du matin, et gare si le contrôleur trouve quelqu'un d'autre dans votre lit, surtout s'il (ou elle) est aussi au RSA : "Tout le monde sait que les pauvres sont des profiteurs, contrairement à Sarko-Nouille ou à Cahuzac Rappetout and Co, hein ?"
"La république de la nouilltude" donne des leçons aux malheureux chômeurs : "Tu vas aller à l’esclavage comme on te le dit, sinon on te coupe les vivres. Le royaume des pervers narcissiques, qui, à défaut de pouvoir broyer leur conjoint-e, cassent du pauvre" et explique les bienfaits du travail féminin : "Ah ! Oui, on a aussi la légende : le travail permet aux femmes de s’émanciper. Quand on sait que les nazis avaient inscrit « le travail libère » sur les façades des camps d’extermination, on a de quoi s’étonner. Pour commencer, il émancipe de quoi ? Du joug de l’homme", bienfaits tellement réels pourtant pour la femme qui a la chance d'en obtenir un, d'emploi : "harcèlements divers et variés, salaires de misère, la vraie vie, quoi".
Dans "La civilisation développée, évoluée et enviable", elle nous dit : "Heureusement, nous avons des maîtres à penser ! Ça fait longtemps qu’ils nous expliquent qu’être quelqu’un de bien, c’est mentir comme un arracheur de dents, piller, mépriser, faire de l’éducation sentimentale aux femmes de ménage… et avoir une Rolex à cinquante ans", ces mêmes maîtres à penser qui font sentir au chômeur qu'il "reste un suspect, aussi suivi qu’un détenu (jusqu’à quatre traqueurs de pauvres sur le dos) et souvent reçu comme un délinquant, avec menaces à la clé ; on préférerait presque être reçu au commissariat par des flics, des vrais de vrais, eux au moins ne sont pas déguisés en travailleurs sociaux".
Sandra Aimard, qui aide justement les pauvres – et bénévolement - dans les redoutables démarches administratives, note que "Si la religion croissance-productivisme-travaillisme engendrait le bien-être, notre société ressemblerait au paradis sur terre, depuis le temps qu’on se prosterne" devant cette nouvelle sainte trinité !
Un livre qui devrait être dans toutes les bibliothèques et qui n'est dans aucune ! L'auteure marie Kafka et Ionesco, elle tape là où ça fait mal dans notre société tellement avancée.
Un livre qui fait rire et fait aussi froid dans le dos : à lire urgemment !