Anna, salle d'attente
de Emmanuelle Cornu

critiqué par Libris québécis, le 24 juin 2016
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Maternité pour une lesbienne
Anna est une gomorrhéenne qui est en attente d’une maternité par fécondation in vitro. Une implantation d’embryon ne garantit pas à coup sûr une grossesse à la femme qui y recourt. La mère éventuelle doit faire preuve de patience avant que ne s’accomplisse le miracle tant souhaité, d’où le titre Anna, en salle d’attente.

Les rendez-vous à la clinique ne composent pas uniquement le quotidien de l’héroïne. Elle répond aussi aux fantasmes de Michaëlle, une jeune femme insouciante qui vit au gré des circonstances qui se présentent. Un voyage par-ci par-là. Elle est toujours en état de fébrilité et ouverte à tous projets contribuant à son bonheur. L’engagement familial n’est pas inscrit dans ses cartons. Il n’est pas question pour elle de s’embarquer dans une relation stable afin d’assurer un avenir serein à une progéniture issue de la science.

Anna ne démord pas de son ambition d’être mère. Devant l’insuccès médical, elle se tourne vers l’adoption. La démarche n’est pas plus aisée. Les enquêtes indiscrètes fouillent tous les recoins de la personnalité de la demanderesse afin de garantir à l’enfant une femme apte pour s’en occuper. Il faut que le désir d’un instant ait une durée de péremption illimitée. Pour s’en assurer, les agents responsables des adoptions conduisent leurs dossiers avec précaution. Les déficiences de la personnalité de l’éventuel parent sont rapidement détectées. Comment peut-on honnêtement confier un enfant à une personne qui deviendra une mère monoparentale ?

Les insuccès de l’héroïne font plus que la désarçonner. La déprime à teneur de névrose l’attend au détour. C’en est assez pour perdre son estime de soi. Les crises de larmes ne nettoient pas nécessairement les états dépressifs. On s’isole au point de se transformer en larve dans un cocon qui est loin de jouer un rôle protecteur auprès de la victime. Le scénario est bien connu. Le comportement du retrait est des plus nocif.

La trame soutient bien ce plan romanesque. Mais le lecteur sortira un peu désappointé de cette lecture sur la maternité et sur l’amour saphique. L’état nerveux d’Anna est bien rendu non sans énerver celui qui lit. Trop, c’est comme pas assez. En bout de ligne, on ne retient que les crises de nerfs. Il aurait fallu transcender le sujet. Ça ressemble davantage à un journal intime à qui on confie ses désagréments. On n’a pas réussi à dégager ce qu’est la famille au sein d’un couple lesbien.