La végétarienne
de Han Kang

critiqué par Pucksimberg, le 15 mai 2016
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un roman sud-coréen bien étrange ...
Suite à un rêve, Yonghye décide de devenir végétarienne au grand dam de son époux et de sa famille. La situation va se compliquer quand on la voit maigrir et changer d'attitude. Fascinée par les arbres et les plantes, elle gomme progressivement tout ce qui la rattache à l'Humanité.

Ce roman se découpe en trois parties dont le dénominateur commun est cette jeune femme fascinante. Son histoire est vue de divers angles tout en permettant d'avancer chronologiquement dans son périple. Le roman ne se veut pas scientifique ou le témoignage d'une descente aux Enfers. Le récit est parfois onirique ou frôle le fantastique. Cette femme qui veut devenir une plante intrigue le lecteur, ses rêves créent un sentiment d'étrangeté. Les séances artistiques auxquelles elle s'adonne, durant lesquelles on peint des fleurs sur son corps, confèrent une certaine magie au texte et même un certain érotisme. Et lorsque c'est l'inconscient qui s'exprime dans la troisième partie, le lecteur ne sait plus quoi penser.

Ce roman est très visuel, certaines scènes sont très marquantes et décrites avec vivacité. Je pense notamment à la séance de peinture sur corps, la violente dispute familiale, la mort d'un chien, les scènes charnelles ... Je ne les détaille pas ni ne les contextualise pour ne pas déflorer l'intrigue.

Je connais mal, pour l'instant, la littérature sud-coréenne, mais ce roman est une entrée intéressante dans ce pays. Le texte n'est pas contemplatif, il possède la force d'une nouvelle. On ne s'y ennuie pas, il y a du rythme et le lecteur ressent un besoin irrépressible de connaître la suite.
UN FABLE ASIATIQUE 7 étoiles

Je ne reviendrai pas sur l’histoire du livre de Han KANG, très bien décrite dans les critiques précédentes. Je voudrais quant à moi dire quelques mots sur la construction très inhabituelle, pour ne pas dire très étrange de ce roman.

Tout d’abord c’est un roman polyphonique, mais où la voix du principal personnage, Yonghye, ne s’exprime jamais et on ne connaîtra jamais son ressenti exact. C’est même plutôt le contraire, le personnage parle de moins en moins et s’efface même de plus en plus au fur et à mesure que l’histoire avance… S’effacer n’étant pas vraiment le bon mot, puisque il faudrait plutôt dire se « végétalise »…

Il y a une atmosphère « pesante » tout au long du livre, qui est en fait composé comme un triptyque. Chacune des parties est centrée autour d’un personnage différent qui a un ressenti différent envers les « changements » de la vie de Yonghye, ressenti d’ailleurs opposé à celui du personnage précédent. Ainsi la première partie tourne autour du mari de Yonghye, qui a un comportement très égoïste et égocentré, à aucun moment il ne cherchera à aider ou bien à comprendre sa femme, et il finira par l’abandonner.
La deuxième partie est centrée sur son beau-frère de l’héroïne, artiste vidéo plutôt raté il voue une véritable obsession à sa belle-sœur, et fantasme plus particulièrement à certaines caractéristiques physiques de son corps. Il n’hésitera pas à profiter de la faiblesse et de la naïveté de celle-ci pour coucher avec elle.
Enfin dans la troisième partie c’est Inhye, la sœur de Yonghye qui occupe le devant de la scène. Femme forte et indépendante, elle s’occupe seule de son fils et de son commerce. Face à la lâcheté des hommes de sa famille, elle est la seule qui essayera de comprendre les motivations de sa sœur et essayera de la sauver…

Notons que comme souvent dans les romans asiatiques, (notamment p. ex. chez Junichirô TANIZAKI, ou encore Haruki MURAKAMI), il n’y a pas vraiment de fin. Ici disons plutôt que l’on se doute de la fin, même si l’auteur ne nous la raconte pas…

Je termine le livre sur une impression mitigée. L’écriture est vraiment très belle, tout en douceur, en finesse, épurée, contemplative, je dirais typiquement de manière « asiatique », avec jamais un mot qui dénote par rapport à un autre, rien à en redire donc. Le sujet est original et l’histoire traitée de bien belle façon, quoi que je dois avouer que ce n’est pas sous cet angle que je me serais imaginé et attendu à la lire… Par contre j’ai trouvé la fin trop brusque, trop bâclée et sans doute trop précipitée, ce qui m’a un peu gâché la très bonne impression laissée par le reste du livre...
Je n’hésiterai toutefois pas à donner une «nouvelle chance» à Han KANG pour la lecture d’un autre de ses livres !

Rappelons que le livre «La végétarienne » a été le lauréat du « Man Booker Prize International » en 2016.

Septularisen - - - ans - 28 mai 2017


La végétarienne 10 étoiles

Découvrons un peu de littérature coréenne avec ce récit lu dans le cadre du prix des lecteurs.

Une construction originale, elle va nous parler du destin de Yônghye, une femme mariée depuis cinq ans, sans problème apparent.

Tout basculera une nuit, où son mari la trouvera en train de vider le réfrigérateur. Elle a fait un rêve, plutôt un cauchemar rempli de sang, rempli de viande. Il lui fait prendre la décision de devenir végétarienne, je devrais même dire végétalienne car il n'est plus question pour elle de manger quoi que ce soit d'animal.

Bon, ça arrive me direz-vous, quel est le problème ?

C'est que cela ne s'arrête pas là, petit à petit elle ne supporte plus ses vêtements, elle se dénude et s'enfonce dans sa bulle, elle voudrait devenir végétale.

La construction du récit est originale disais-je car jamais nous n'entendrons la version de Yônghye.

Le livre est découpé en trois parties où trois personnages nous donneront leur version.


Le mari qui est dans l'incompréhension et l'incommunicabilité
Le beau-frère artiste qui est attiré par Yônghye et une particularité physique, une tache mongolique. Il aura une démarche artistique qui le conduira à la volupté et au plaisir charnel.
Et pour terminer, Inhye, la soeur qui veillera sur elle et qui sera présente à sa façon.
J'ai vraiment apprécié cette lecture engloutie en une après-midi. J'apprécie beaucoup la littérature japonaise et j'ai retrouvé ici les mêmes caractéristiques : un monde onirique, une écriture poétique.

Un récit qui est troublant, perturbant même mais dont la poésie et la magie des mots m'ont fait voyager. C'est le récit d'une folie, d'un abandon, d'un refus. L'envie de revenir aux sources, à la nature, au végétal, à l'origine.

Une belle découverte, un presque coup de coeur.

Ma note : 9.5/10

Nathavh - - 60 ans - 22 avril 2017